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le mépriser et à le montrer au doigt, parce qu’il a abandonné les voies du Seigneur[1].

Chrétien. N'avez-vous point eu de conversation avec lui depuis votre départ ?

Fidèle. Je l’ai rencontré une fois dans la rue ; mais dès qu’il me vit, il passa de l’autre côté, comme quelqu’un qui aurait honte de sa conduite. C’est pourquoi je ne lui ai pas parlé.

Chrétien. Au commencement de mon voyage, j’avais bonne opinion de cet homme ; mais maintenant je crains qu’il ne périsse dans l’embrasement de la ville ; car il a fait ce que dit le proverbe : «Le chien est retourné à ce qu’il avait vomi, et la truie, après avoir été lavée, s’est vautrée de nouveau dans le bourbier »[2]. |

Mais, voisin Fidèle , ajouta Chrétien , ne parlons plus de cet homme, entretenons-nous plutôt de ce qui nous concerne directement. Contez-moi ce qui vous est arrivé pendant votre voyage ; je pense que vous avez eu des aventures surprenantes , car il n’est guère possible qu’il en soit autrement.

Fidèle. J’ai passé sans accident le Bourbier du découragement , dans lequel je m’aperçois que vous êtes tombé, et je suis arrivé sain et sauf à la porte étroite ; seulement j’ai rencontré une personne qui se nommait Volupté et qui aurait pu me faire bien du mal.

  1. Jer. XXIX, 18, 19.
  2. 2 Pier. II, 22.