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CONSTRUCTIONS À FORME CENTRALE. MAUSOLÉES.

ce genre, où s’exprime avec éclat ce style toscan : les baptistères de Pise et de Florence. — Le dernier que l’on ait construit à ma connaissance, ou plutôt reconstruit, à une époque aussi avancée, est le baptistère octogonal de Pistole [a], achevé en 1359.


Il y a une seconde classe de petites constructions à forme centrale, dont il reste quelques exemplaires : je veux dire les mausolées de grands personnages.

Le mausolée d’Hélène près de Rome (cf. t. I, p. 25).

S. Costanza près de Rome [b], probablement construîte pour servir de mausolée à deux filles de Constantin le Grand : le tambour intérieur et la coupole reposent sur douze rangs doubles de colonnes à entablement spéciaux à frises lourdement enfléee ; le pourtour également rond est couvert d’une voute en berceau revêtue de mosaïque. À l’extérieur se trouvent des restes d’un périptère.

Le mausolée de Théodoric le Grand († en 526), à Ravenne, situé devant la Porta Serrata et que l’on appelle généralement aujourd’hui la Rotonda [c] est polygonal à l’extérieur et avait anciennement un péristyle ; à l’intérieur le parterre est construit en forme de croix, tandis que l’étage supérieur est circulaire ; la coupole plate, qui a trente-quatre pieds de diamètre, est, comme l’on sait, un monolithe apporté de Dalmatie. Les détails, surtout ceux de la corniche principale, sont exécutés avec autant de fantaisie que d’expression[1].

À tous ces monuments nous ajouterons encore celui de Galla Placidia à Ravenne, qui maintenant porte le nom de SS. Nazario e Celso [d] (vers 440); la forme est bien celle d’une croix latine, mais l’exhaussement du milieu et le couronnement par une coupole (en ferme de calotte) l’a rapproché des constructions centrales. Les ornements de mosaïque, surteut ceux de la vente en berceau du bras antérieur de la croix, ne le cèdent guère par leur valeur et ancienneté à ceux du baptistère orthodoxe. L’apparence extérieure est celle d’une grossière construction en briques, petite et mesquine[2].

Au nombre des constructions centrales, il n’y a d’ailleurs que peu d’églises proprement dites qui aient de l’importance.

Le motif le plus simple est celui de l’énigmatique église de S. Stefano Rotondo [e] élevée au Ve siècle sur le Cœlius à Rome. Un cercle interieur de colonnes avec des arcs soutient la construction supérieure qui est cylindrique ; mais, dans le cours des siècles, il a fallu ajouter,

  1. Le sarcophage de porphyre, dont on avait arraché les ossements à la chute de l’empire ostrogoth, se trouve actuellement dans la ville ; il est encadré dans un mur du Palazzo del Re Teodorico [f] reste authentique du vieux palais royal, dont l’ancienne façade principale qui donnait sur la mer est reproduite librement sur une mosaïque à droite de l’entrée de S. Apollinare Nuovo.
  2. L’Église des Apôtres à Constantinople doit avoir en la même forme ; d’après relation d’Eusèbe, elle parait avoir été construite pour servir de caveau impérial.