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ARCHITECTURE ROMANE.

les façades en brique esistent encore sous l’enveloppe présente de marbre. Les niches et les arcs de style lombard — romain forment un système de piliers d’une grandeur simple et d’arcades qui rappellent en quelque mèsure les constructions romaines (le Temple de la Pais à Rome, les Thermes de Dioclétien conservés encore au XVIe siècle). L’architecture intérieure de la coupole est au contraire toute byzantine. S. Marc, dont l’extérieur et l’ornementation ont été continués jusqu’au XVIIe siècle, n’était pas destinée à être la cathédrale de Venise (ce rang appartenait à San-Pietro) : c’était le reliquaire des ossements du patron de la ville, le palladium de la République insulaire. La forme elle-même de l’édifice devait se ressentir de cette destination.

Le désir d’élever un monument était ici le même qu’à Pise, avec des ressources incontestablement plus grandes, surtout en ce qui regarde les matériaux. Et à ce dernier égard, depuis l’époque romaine, il n’y eut dans tout l’Occident nulle part ailleurs une telle profusion de matières précieuses.

C’était aussi dans cet Orient, d’où étaient tirés les plus belles pierres et les fragments antiques, que se trouvaient les églises qui firent le plus d’impression sur les Vénitiens d’alors : les édifices à dômes du style byzantin. Ce sont des constructions qu’on voulait imiter. Non Sainte-Sophie avec son dôme unique appuyé par deux grandes demi-coupoles ; c’est aux églises grecques à coupoles multiples, de toutes formes, que Venise emprunts l’ordonnance des cinq coupoles distinctes au-dessus des bras de la croix et du milieu[1] les grands arcs lateraux qui, divisés par des rangées de colonnes, forment les nefs latérales ; et de même dans le portique qui, au dehors, entoure le bras antérieur de la croix ; — enfin dans les nombreuses niches absorbant la surface murale, surtout tiens les parties du fond et dans le portique extérieur. Ce dernier élément, emprunté à l’ancienne construction romaine, et en général à toute architecture à coupole est un de ceux auxquels les Orientaux s’étaient attachés avec prédilection. Les couronnements circulaires des grands murs qui nous semblent si étranges, ne sont primitivement que la forme extérieure des arcs latéraux sur lesquels reposent les coupoles et qui, à la façon orientale, n’ont pas de toiture. Elles n’ont se reproduites dans les parties subordonnées que pour le besoin de la décoration. Les ornementations gothiques qui s’y trouvent ne datent que du XIVe et du XVe siècle.

La hauteur des coupoles, à en juger par les mosaïques du portail extérieur du fronton gauche, est et a été feinte de tout temps. C’est-à-dire sans relation avec la courbe intérieure, mais bien calculée en vue de l’effet extérieur. Quant au détail, le revêtement des surfaces murales en bas à l’aide

  1. Le style byzantin surtout dans la construction de la coupole au moyen de pendentifs entre les arcs-doubleaux : et le bord circulaire du cylindre de la coupole (tambour).