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NOVARE, ANCONA, PALERME.

temps est très intéressante : ce sont des bandes rapprochées de maçonnerie avec une corniche droite, d’une timidité gracieuse dans son imitation de l’antique. (Les annexes des nefs latérales sont d’un style analogue, mais elles ne datent guère que du XVe siècle.)

La cathédrale [a] de Novare remonte dans son ensemble à une époque peut-être très ancienne (IVe siècle ?) ; la partie longitudinale était jadis une basilique à cinq nefs avec colonnes coupées de piliers et un étage supérieur. C’est aujourd’hui une riche construction de style moderne avec un bel atrium de colonnes corinthiennes en granit du Simplon. De l’autre côté, vis-à-vis de la façade, le Baptistère [b] déjà cité, octogone avec colonnes antiques aux angles, et niches murales tout autour.

Dans l’église pittoresque de S. Giulio [c] (lac d'Orta), il y a des peintures murales et une chaire de style roman richement sculptée.

Au sud, la cathédrale de S. Ciriaco [d] à Ancone[1] (IVe et XIIIe siècles) offre un mélange curieux d’architecture romane et de style byzantin ; c’est une croix grecque à trois nefs dans toutes les directions, avec une coupole dodécagonale au-dessus de l’intersection ; l’ensemble actuel a probablement été composé pour utiliser des colonnes déjà existantes d’une construction plus ancienne, par conséquent ce sont les voûtes en bois qui prédominent ; deux cryptes se trouvent au-dessous des bras du transept, exhaussés a cet effet ; les façades du transept et le riche portail principal sont de style roman. L’église de S. Maria della Piazza [e] dans la même ville (à l’intérieur basilique modernisée avec des piliers octogonaux, et un espace vouté et exhaussé au-dessus du maître autel), ne présente plus sur sa façade des galeries lombardes, mais des rangées d’arcatures les unes au-dessus des autres, richement décorées, revêtues même en partie de mosaïque et ornées de têtes de saints en majolique, qui rappellent certaines églises de l’ouest de la France. Au delà de l’Apennin, nous rencontrons la façade banale de S. Rufino [f] à Assise ; les parties décoratives du portail sont cependant d’un excellent travail (XIIIe siècle ; la crypte est beaucoup plus ancienne). À S. Flaviano [g] devant Montefiascone, le style roman n’est plus appliqué que comme une tradition vide et presque par ouï-dire. (Cet édition mérite d’être vu comme église double.) La façade latérale de la cathédrale [h] de Foligno et la façade principale de la cathédrale [i] de Spolète ont déjà plutôt un caractère imposant dans sa simplicité. Mais plus loin encore, et jusque dans l’Apulie, en rencontre encore quelques édifices d’un style roman assez sévère, tels que la cathédrale [j] de Todi, vaste et très bien proportionnée, avec une ornementation sur le portail occidental qui imite très bien l’antique ; il est vrai qu’aucune de ces cathédrales n’a l’importance d’une des cathédrales rhénanes.

  1. Le plan que l’on attribue à Margheritone d’Arezzo, est probablement plus ancien. La construction est semblable à celle de Saint-Marc ; les chapiteaux sont mi-rarennates, mi-byzantins.