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CATHÉDRALE DE GÊNES. — VERCELLI, ASSISE.

thédrales françaises du XIIIe siècle, toutefois avec des modifications exigées par la matière, des asises de marbre à couches alternativement blanches et noires. Dans les parties supérieures, surtout pour la seule tour achevée, le style français a de nouveau été abandonné. À l’intérieur, contraste étrange, au robuste soubassement des tours succède une basilique élancée à ogives et même en double colonnade, couverte (maintenant) d’une voûte en berceau (commencement du XIVe siècle).

Dans l’église S. Andrea [a] à Vercelli, dont l’extérieur est entièrement roman, l’œil est surpris de trouver un intérieur selon le pur style gothique du Nord.


Mais laissons de côté les églises nommées jusqu’ici, bâties dans des circonstances exceptionnelles, et passons aux églises du gothique vraiment italien, qui évitent le style du Nord pur aussi bien que les mélanges bâtards. Nous verrons au contraire les éléments du Nord et du Midi se pénétrer ici de façons diverses, toujours ingénieuses.

Alors qu’en Allemagne même il existait à peine une église gothique, le maître Jacob l’Allemand construisit l’église double de S. Francesco [B] à Assise (à partir de 1228, la construction fut continuée par Philippe de Campello et consacrée en 1253). C’est une des rares églises d’Italie où le pilier gothique en faisceau de colonnes soit à peu près pur. Mais déjà les nervures des voûtes n’ont plus la finesse du Nord et ne semblent que des renforts à large profil pour ornements peints ; dans l’ordonnance fondamentale domine le sentiment italien de l’espace avec ses carrés aussi grands que possibles. (Ces ornements des bordures de voûtes et des nervures ont, soit dit en passant, servi de modèle pour toute l’ornementation des voûtes dans le style gothique de l’Italie centrale ; ils le méritaient d’ailleurs par leur élégance espressive[1]. Dans la troisième voûte de l’église supérieure, à partir du portail, toute la peinture de la voûte est de Cimabue ou d’un de ses successeurs immédiats.) Les murs de l’église supérieure, autant que de l’église basse, avec leurs fenêtres de médiocre grandeur, sont réservés principalement aux fresques. Au dehors, les contreforts du mur, au lieu d’être rectilignes, sont en demi-cercle et renferment des escaliers à vis. La belle porte principale en bas à gauche, montre dans l’exécution du détail d’étranges hésitations entre le style antique et le style gothique. L’intérieur de l’église est d’un ensemble ; très noble et très imposant. (La crypte sous l’église inférieure est entièrement moderne.) À S. Chiara [C] à Assise, les mêmes motifs sont reproduits d’une manière plus simple ; les contreforts assez grands étaient exigés par la pente.

Ces édifices devaient jeter au loin de l’éclat sur la contrée et concourir

  1. Un essai fut tenté à S. Anastasia [D] à Vérone, pour donner aux triangles des voûtes et à l’encadrement des membres plus de liberté à l’aide de feuillages sur fond bianc ; mais l’expérience n’eut pas grand succès.