Page:Burckhardt - Le Cicerone, 2e partie, trad. Gérard, 1892.djvu/219

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
72
ARCHITECTURE GOTHIQUE.

cette ville, il en est deux, près du palais Barbarano, que l’on verra avec plaisir ; outre la façade ils ont encore, du moins en partie, leurs anciennes cours à galeries, leurs escaliers, leurs balustrades, etc. Une jolie maisonnette [a] (ancien no 1666), décorée d’arabesques jouant la tapisserie, etc.

Dans les palais gothiques de Vérone, nous retrouvons également le type vénitien, mais avec une autre nuance, car la peinture murale y domine[1]. La décoration en pierre de la partie supérieure des fenêtres est aussi d’une forme particulière. (La cour du Municipio [b] de la même ville, sous la grande tour de la Piazza delle Erbe, mi-romane, mi-gothique, offre du moins un aspect pittoresque avec son escalier de marbre, couvert de galeries.) — Le Palazzo Pubblico [c] à Udine est du style gothique vénitien (1457).

À Ancône, la Loggia de’ Mercanti [d] a l’une des façades les plus expressives qu’ait créées le gothique italien ; divisée en trois parties, avec une loggia supérieure, qu’il faut se représenter ouverte. Elle ne fut murée qu’à l’époque où Pellegrino Tibaldi ajouta par derrière la grande Bourse actuelle à voûtes, dont la valeur est encore relevée par ses proportions et ses formes heureuses, ainsi que par les fresques en partie excellentes que Tibaldi peignit sur la voûte et la vue sur la mer.


Gênes ne possède rien d’important en ce genre. Le style gothique des quelques maisons situées sur la piazza S. Matteo se borne aux corniches à petites arcatures ; il en est de même de quelques autres bâtiments des vieux quartiers de la ville. Les cours, qui sans doute formaient le motif principal, ont disparu dans les constructions nouvelles. Pour les architectes il existe du moins un exemplaire à demi conservé c’est la maison no 463 [e], perdue dans le fouillis des rues sans nom qui entourent la Madonna delle Vigne ; une porte sculptée mène dans une petite cour avec une galerie ogivale et un perron gracieux qui a encore sa balustrade gothique ; la façade a des assises alternantes de blanc et de noir.


Florence est riche en fragments de ce style ; on y remarque surtout les étages inférieurs de citadelles du moyen âge qu’il ne serait pas exact de désigner du nom de palais. (Des rues entières en sont remplies, Piazza de’ Peruzzi, Borgo S. Croce, etc.) Il n’y a pas là, sa vrai dire, d’art dans le sens propre du mot : les piliers très simples, généralement octogones qui soutiennent les quelques arcs des cours, ont de modestes chapiteaux à feuilles. Ces maisons de pierre étaient des forteresses et devaient pouvoir soutenir des attaques pendant les troubles civils ; dans ces conditions, on s’installait comme l’on pouvait. (À titre d’exemplaire complet, on peut citer le Palais Davanzati [f], Via di Porta rossa no 9 ; les cor-

  1. Les palais vénitiens étaient également peints pour la plupart.