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BRUNELLESCO ET SES TRAVAUX.

le changement du style qui se rattache à son nom. Dans la décoration extérieure, à part la lanterne, il n’y a de sa main que l’architecture des quatre demi-tribunes appuyées sur le tambour[1]. La corniche de Brunellesco devait reposer sur des consoles et porter une balustrade à jour. Talenti, comme Arnolfo, l’architecte primitif, paraît avoir eu le projet d’une coupole moins élevée qui n’aurait que fort peu dépassé les trois bras de la croix. C’est la commission des huit maîtres, et non pas Brunellesco, qui eut l’idée du tambour avec les fenêtres circulaires au-dessous du puissant dôme à ligne ogivale. La coupole de Florence est, pour l’effet, très inférieure à la coupole de Saint-Pierre, mais la comparaison n’est pas juste, et l’ensemble de l’architecture, vu de derrière, est plus frappant et plus instructif. D’abord, sans les affreuses peintures des Zuccheri, avec une ornementation simple, d’un coloris clair[2] qui s’harmonisât à l’organisme même, elle présenterait de l’intérieur un aspect tout différent et ne ressemblerait plus à un plafond plat et sombre. Il faut ajouter que c’est la première fois que l’emploi du tambour affecte cette importance, et que c’était la première solution donnée à un problème technique de construction. On pourra trou ver plus tard une solution mécanique supérieure, on pourra l’exprimer à l’aide de formes plus riches et plus libres, mais c’est précisément la première solution qui était le plus difficile. Brunellesco, de plus, était lié de toute façon par les soubassements du temps de Talenti.

Presque au même temps où il construisait la cathédrale, Brunellesco commença S. Lorenzo [a], et d’abord la sacristie, achevée en 1428 ; à sa mort, le transept n’était pas encore terminé. C’est, du premier coup, un nouvel esprit qui anime et anoblit la basilique à colonnes la colonne recouvre son entablement et sa forme antique, les ares retrouvent leurs profils ornementés sur les bas côtés voûtés règne une série de chapelles en forme de niches basses le tout sévèrement revêtu de pilastres et de corniches, dans le style des niches romaines, alors encore intactes. Le plafond de la nef principale et du transept est plat (ce n’est probablement pas l’ancien plafond) ; la coupole de Manetti (sans tambour et s’écartant du plan de Brunellesco) est heureusement sans prétention, car, dans son exiguïté, elle ne pourrait dominer l’église. Brunellesco avait réservé les formes rondes, plus riches, pour la sacristie, où une coupole basse polygonale s’élève au-dessus du carré, et une petite calotte qui recouvre l’annexe gracieuse de l’autel. — À l’extérieur, le mur, d’ailleurs lisse, de la nef supérieure est surmonté d’un entablement romain régulier,

    achevée en 1436 en même temps fut adopté le modèle pour la lanterne, dont l’exécution (qui dura de 1445 1461) ne fut commencée que peu avant la mort de Brunellesco.

  1. L’incrustation du tambour même n’a été exécutée que sur un modèle commun de Cronaca, de Giuliano da Sangano, et de Baccio d’Agnolo (1507-1515). Dans l’Opéra de la cathédrale [b] il s’est encore conservé plusieurs modèles. Les beaux chapiteaux sont imités du chapiteau de pilastre antique jadis à l’angle du soubassement du fort Saint-Ange.
  2. Brunellesoo lui-même, il est vrai, avait eu l’idée d’un revêtement en mosaïque.