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MICHELOZZO ET SES TRAVAUX.

étages, depuis les formes brutes jusqu’aux plus délicates. La façade n’avait d’abord que la moitié de la longueur qu’elle a aujourd’hui. Les gracieuses fenêtres des deux étages supérieurs sont, il est vrai, quelque peu écrasées entre les immenses pierres de taille du rez-de-chaussée et la grande corniche principale ; et de même dans l’exécution de cette corniche principale, on voit l’architecte hésiter et se tromper, soit pour les formes, soit pour les dimensions mais sans ce palais, jamais plus tard Bern. Rossellino ni Benedetto da Majano n’auraient exécuté les leurs. La cour, avec sa colonnade, les deux corniches qui la surmontent et les fenêtres en plein cintre des étages supérieurs, est devenue le modèle de nombre de cours du xve siècle. (D’un palais construit pour Cosme à Milan, aujourd’hui Casa Vismara [a], il ne s’est conservé que le portail et la galerie de la première cour ; v. plus bas.)

Michelozzo lui-même bâtit dans un style semblable la cour antérieure du Palazzo Vecchio [b], mais en donnant plus de force aux supports du bas (dont l’ornementation en stuc, avec toutes les arabesques de la voûte, n’est d’ailleurs que de l’an 1565). La cour du Pal. Corsi [c] (autrefois Tornabuoni non loin du Pal. Strozzi), a en bas une colonnade (composite) très spacieuse, avec des arcs fortement surhaussés puis une corniche avec médaillons et fenêtres, enfin en haut une galerie ouverte (corinthienne). La Villa Ricasoli [d], près de Fiesole, et la Villa Mozzi [e], qui est voisine, ne portent plus la trace de Michelozzo, la première que dans sa chapelle de S. Michel, la seconde que dans l’ensemble de la disposition dans cette dernière, la jolie galerie inférieure a un revêtement de date bien plus récente.

Les cloîtres de Michelozzo sont simples et ne se distinguent en aucune manière auprès de ceux de Brunellesco. À S. Croce [f], le Noviciat (absolument simple), le corridor près de la sacristie (avec de superbes fenêtres semi-gothiques), et la Cappella Medici à l’extrémité, sont de sa main. Dans le couvent des Dominicains de S. Marco [g], les deux cloîtres lui appartiennent, ainsi que quelques escaliers, la sacristie (pour la construction de laquelle ses ressources ont certainement été très restreintes), enfin la bibliothèque voûtée, à trois nefs.




Le style développé par Michelozzo s’étant très longtemps maintenu à Florence, nous profiterons de l’occasion pour énumérer un certain nombre de constructions sans noms d’auteurs. — Parmi les couvents, le très simple Monte Oliveto [h] (de l’an 1472, devant la Porta S. Frediano) rappelle le plus directement le style du maître ; l’église répète le motif de ses sacristies et de ses chapelles sur une plus grande échelle : les voûtes en arête partent de consoles murales ; le chœur supporte une coupole basse, le cloître, de style ionique, est peut-être un peu plus moderne. —