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FR. DI GIORGIO. — B. BOSSELLINO.

mune à Jesi [a], dont les loggie ont été dessinées en 1519 par Andrea Sansovino, et le Pal. del Comune à Ancône [b].

À Sienne, il faut remarquer avant tout le Pal. Nerucci [c], les palais Piccolomini [d] (maintenant del Governo) et Spannocchi [e] (tous entre 1460 et 1472), attribués sans fondement certain aux architectes Bernardo Rosselino et Francesco di Giorgio ; surtout pour ce dernier l’attribution est douteuse. Le style commun à toutes ces constructions repose encore sur le principe moyen âge de la façade, et l’ornementation, imitée de l’antique (corniches, consoles), n’est rien moins que pure ; mais Brunellesco avait réveillé dans l’art le sentiment des belles proportions entre les étages, et Michelozzo (dans son palais Riccardi à Florence) avait le premier établi une gradation régulière dans les bossages, les fenêtres et tes membres de l’architecture. Les Siennois firent encore en cette voie de nouveaux progrès, surtout pour ce qui regarde les corniches, et leur proportion avec l’ensemble, les chapiteaux du palais Piccolomini, en particulier, dépassent les chapiteaux de Florence de l’époque antérieure, aussi bien que de style plus récent. Rarement a été mieux atteint, dans des dimensions si restreintes, le caractère d’un luxe sévère. Aucun motif qui soit plus accentué, pas même une loggia centrale ; l’ensemble est uniformément imposant, la nuance par laquelle le château se transforme en palais a trouvé ici une expression d’une beauté singulière. (La cour, ravissante autrefois, du Pal. del Governo, est depuis longtemps déjà quelque peu masquée par d’autres constructions.)

Il y a aussi quelques solutions heureuses de problèmes moins difficiles, particulièrement instructives pour l’architecture moderne. Le Pal. della Caja [f] (aujourd’hui Constantini), près de l’église S. Egidio, et qui ne devait être qu’un élégant édifice privé, est sans rustique ; c’est, avec ses corniches simples et gracieuses, ses dessus de fenêtres et sa porte élégante, un des plus charmants monuments de Sienne. Le Pal. Bandini Piccolomini [g] (en briques avec encadrement de pierre), peut être considéré comme une architecture Renaissance accomplie dans le meilleur sens du mot. Il en est de même du Pal. Finetti [h], Via della Cerchia, près de S. Agostino, avec la saillie du toit peinte et encore la ravissante maisonnette [i] en briques, bâtie contre S. Agostino, dans les formes les plus simples. — La Loggia del Papa [j] (1460), par le statuaire siennois Antonio Federighi († 1490), a des arcs délicats, presque trop minces pour leur grande ouverture ; près de S. Francesco, il y a deux cloîtres [k], d’une beauté simple, et dont les ventes (plus que les constructions de Brunellesco) donnent l’impression d’une légèreté presque planante. — Le Pal. del Magnifico [l] ou Petrucci, sur la Piazza S. Giovanni, par Giacomo Cozzarelli (1453-1515), doit à son emplacement d’être un peu informe. — Parmi les églises, il faut citer ici les délicieuses petites façades de S. Caterina [m] par Corso di Bastiano et Federighi, et de la Madonna delle Nevi [n]. La sacristie du Carmine [o] est un in-