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PREMIÈRE RENAISSANCE.

loir oblong entre celle-ci et l’église ; six colonnes de chaque côté devant le mur portent une voûte en berceau ; elles ne correspondent pas aux riches caissons, ce qui pourtant n’enlève rien à l’édifice de sa valeur pittoresque. On a prétendu dernièrement que le plan d’ensemble était de Giul. da Sangallo (1489) ; et ce n’est pas impossible, car des ordonnances pareilles se retrouvent dans ses projets pour Saint-Pierre. La construction de la partie supérieure, qui est d’Antonio Pollajuolo, a été achevée en 1496 ; les deux chapiteaux à figures, ceux du vestibule et tous les caissons appartiennent à Andrea Sansovino.


À Pise, la cour de l’Université [a] est un cloître de la première Renaissance d’une beauté simple, dans la manière de Brunellesco : en bas, des galeries à arcs ; en haut, des colonnes avec entablements en bois, qui toutefois ont perdu leurs consoles primitives. Les deux étages sont ioniques, la corniche intermédiaire est d’une grande délicatesse. Si Pise, soit dit en passant, suit dès ce moment les modèles de Florence, il faut en chercher la raison dans la dépendance politique où elle se trouve vis-à-vis de cette dernière ville dès le début du xve siècle. Florence imposait toujours en même temps sa double hégémonie politique et intellectuelle. — La Casa Trovatelli [b], sur le chemin de la cathédrale, a des fenêtres peu nombreuses, mais belles et originales, et une gracieuse porte en plein cintre, datant environ du milieu du xve siècle. — La cour du Palais archiépiscopal [c], vers la fin du xve siècle, montre l’architecture des cloîtres de Brunellesco exécutée en marbre blanc et dans des dimensions plus grandes. Pourtant autrefois l’étage supérieur avait certainement des consoles et des entablements de bois ; ce n’est que plus tard que les colonnes furent accompagnées par des piliers de marbre, recouvertes d’un entablement de marbre, et que les intervalles furent fermés par des murs avec fenêtres. (L’extérieur est moderne.) — Les deux cloîtres de S. Francesco [d] sont du style imposant de ce temps. — Une maison privée, la Casa Toscanelli [e], attirera l’attention, du moins des architectes, dans la rue du Borgo toute bordée d’arcades. Sur un portique de cinq colonnes reposent deux étages en briques avec des fenêtres demi-circulaires. Les corniches, les archivoltes, etc., sont d’une exécution simple et délicate ; il est impossible de produire avec si peu de moyens une impression plus imposante. Il est vrai que ni l’espace ni la matière ne sont épargnés.


À Lucques, le Palazzo Pretorio [f] est un édifice d’une beauté un peu rude ; en bas, une colonnade qui, sur les parties fermées, se continue en pilastres avec arcs ; les fenêtres supérieures avec des encadrements d’une ornementation inutile.


Glanons encore sur les routes qui, par Pérouse et par Sienne, mènent à Rome.