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BRAMANTE.

un peu plus récent. Les extrémités rondes des transepts, déjà citées, sont en Lombardie une forme traditionelle, et il y en a des exemples de date ancienne à S. Lorenzo de Milan, à S. Fedele de Come, etc ; le maître, qui s’y risque ici pour la première fois peut-être, devait plus tard reproduire cette même ordonnance, avec un sentiment beaucoup plus élevé, à Saint-Pierre de Rome et dans la Consolazione de Todi.

À l’Ospedale Maggiore [a], nous avons déjà vu Bramante terminer, sur l’aile droite, les fenetres gothiques à gauche, — et, sur le côté droit de la grande cour reconstruite, les panneaux dont il est en partie l’auteur. Le cloître de S. Ambrogio, aujourd’hui l’Ospedale militare [b] (1498), commencé un an à peine avant le départ de Bramante, trahit dans les belles cours iconique et dorique la composition tout au moins de Bramante. De la cour de la Canonica, adossée à S. Ambrogio, à gauche, un seul côté a été exécuté, et encore ne l’a-t-il été qu’à moitié. L’arc principal est, pour l’ensemble des proportions, pour le mouvement et le profil de la corniche, d’une beauté accomplie. (Qu’on pense seulement à la saillie de l’imposte dans la sacristie de Michel-Ange à Florence.) Les colonnes d’angles, traitées comme troncs d’arbres stylisés, sont une allusion à l’un des emblèmes du propriétaire, le duc Lodovico. Le même style de Bramante, avec l’emploi de pierres de différentes couleurs, se retrouve dans la cour du Casino de’ Nobili [c] (Via S, Giuseppe, 2 et 4), dans la loggia du Castel de Vigevano [d], dans le cloître situé près du chœur de S. Maria delle Grazie [e]. Dans la sacristie voisine, pour la décoration du haut, Bramante eut recours exclusivement à des entrelacements de nœuds et de cordons. — Parmi les cloîtres de S. Simpliciano [f], une partie du moins doit être l’œuvre de Bramante. Je recommande aux architecte quelques fragments dans la cour de la Casa Silvestri [g], jadis Castiglione, au Corso (avec les peintures de la façade par Bramante), dans la grande cour ancienne de l’Arcivescovado [h], dans l’Albergo del Ponzone [i] (Via Valpetrosa), et la porte de la Casa Zucchi [j], sur le côté de la place de S. Sepolcro. Le Lazzaretto, devant la Porta Orientale, est au contraire l’œuvre de Lazaro Palazzo (1488) ; la petite chapelle, au milieu de la cour, d’un charmant dessin adapté à la destination de l’édifice, n’a été construite qu’en 1530 par Pellegrino Pellegrini.

Bramante atteignit la simplicité de bonne heure, dans la façade de l’église, d’Abbiate Grasso [k], laquelle se compose d’un seul arc porté par deux ordres superposés de colonnes accouplées. Le rez-de-chaussée a été commencé en 1477 ; le fronton est inachevé. Dans cette composition, Bramante dépasse de beaucoup tous ses contemporains. La forme ronde d’un effet si puissant, et qui n’est encore ici qu’une voute en berceau, deviendra, au Vatican, dans le Giardino della Pigna, un hémicycle gigantesque. — Dans l’église du couvent de Canepanova [l] à Pavie, octogone avec pourtour supérieur, les formes sont déjà en partie dans la manière romaine de Bramante. Le chœur et le vestibule sont des cons-