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MILAN, LODI, PLAISANCE, PARME.

Citons encore ici S. Maria della Passione [a] à Milan, commencée par Cristoforo Solari (1483), en forme de construction centrale, et, du même maître, la petite église la Croce à Riva [b]. — L’octogone, qui forme le chœur de l’église de Canobbio [c] sur le lac Majeur, n’est pas de Bramante, et passe pour être plutôt de Pellegrini.

À Lodi, une ravissante construction en briques : la Casa Mutignani [d], aujourd’hui Cerisoldi, Via Pompeja, 45.

Les monuments que nous venons de nommer ont déjà quelques traits communs, également essentiels pour celles qui vont suivre. Dans la période précédente, la Lombardie avait été le pays de l’architecture de briques grandiose et raffinée ; elle y resta fidèle, excepté pour les bâtiments d’un luxe extrême, tels que la façade de la Chartreuse. Les conséquences en furent doubles : 1) la prédilection pour la construction à piliers avec ornements en stuc ; cette architecture permettait les voûtes hardies ; les colonnes et, avec elles, la basilique à plafond horizontal, sont rares au temps de la Renaissance ; 2) la prédilection pour les ordonnances riches et audacieuses, principalement pour les extrémités rondes, les grandes niches, etc., d’une exécution plus facile en briques, où le détail importe moins que pour la pierre, dont l’appareil exige un travail rigoureux et précis. Cette richesse de formes supplée en même temps au peu d’élégance des matériaux. — Il y a encore d’autres conséquences : la simplicité ou même la gaucherie des colonnes, dans nombre de cloîtres, par exemple (sinon dans la plupart) ; la décoration des piliers intérieurs, qui ne devaient pas rester à l’état brut, à l’aide d’arabesques peintes ou en relief ; une facture semblable des corniches et des voûtes (arètes, triangles entiers, demi-coupoles, etc). La coupole demeure encore longtemps celle du moyen âge, polygonale, avec galeries, et un toit en forme de pyramide à l’extérieur. La Chartreuse de Paris tente, il est vrai, d’elever et d’alléger la coupole, mais n’arrive qu’à en multiplier les galeries.

La première Renaissance dure ici plus longtemps que dans l’Italie centrale ; Bramante (ou tout autre maître) ne réussit pas tout de suite à imposer la simplification grandiose des formes observée dans plusieurs de ses œuvres. La rupture ne se produira que vers le milieu du XVIe siècle, et alors presque sans transition,

Le premier groupe d’églises importantes vues par l’auteur se compose de S. Sisto à Plaisance (1499-1511), de S. Giovanni (1510) et de la Steccata à Parme (1521), les deux dernières par Bernardino Zaccagni, de Torchiara. La plus ancienne est S. Sisto [e], qui autrefois possédait la Madonne de Raphaël, aujourd’hui à Dresde ; la façade est moderne, mais il y a en revanche deux cloîtres ioniques excellents. L’intérieur est, pour l’ordonnance et l’exécution, d’un luxe naïf et éclatant ; c’est une église sur colonnes avec voûtes en berceau et deux transepts au milieu des-

    Nuova à Locarno [f] ; la Madonna di Ponte, près de Brissago [g], avec une coupole dans le style de Bramante.