Page:Burckhardt - Le Cicerone, 2e partie, trad. Gérard, 1892.djvu/267

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
120
PREMIÈRE RENAISSANCE.

La lenteur avec laquelle la Renaissance pénétra à Bologne, et la résistance qu’elle eut à vaincre, se trahissent, par exemple, dans l’Annunziata [a] (devant la Porta S. Mammolo), qui fut construite vers 1480 en style gothique. — C’est surtout la continuation en gothique de l’église de S. Petronio qui prolongea l’existence de ce style.

Quelques chapelles, souvent très jolies, aux angles décorés de pilastres, avec des coupoles polygonales dans la manière florentine : à S. Martino Maggiore [b], la première à gauche ; — à la Misericordia [c] (devant la Porta Castiglione), la dernière à droite ; tout l’intérieur, d’ailleurs, de cette église gothique a été remanié en 1511 ; — à S. Stefano [d], une jolie petite chapelle à gauche, à côté de l’Atrio di Pilato ; — à S. Giacomo Maggiore [e], la Cappella Bentivoglio (pourtour du chœur), datée de 1486, altérée par ses peintures à demi modernes ; — à S. Giovanni in Monte [f], une chapelle à chaque extrémité du transept.


Pour les palais de la première Renaissance (qui, ici, comme nous l’avons remarqué, s’étend jusqu’au premier quart du XVIe siècle), Bologne est une des villes les plus importantes de l’Italie. Ici, il est vrai, il y a deux obstacles qui rendent presque absolument impossible le développement de l’architecture de palais telle qu’elle existait à Florence ou à Venise : ce sont l’emploi de la brique, et la forme du rez-de-chaussée, qui se compose d’arcades sur toute la largeur de la façade. Cette disposition a en elle-même de la beauté ; elle a ses avantages soit en été, soit en hiver ; elle a pourtant nui à la composition sévère du monument. Il en est résulté une architecture presque exclusivement horizontale, où le rapport entre la hauteur et la largeur n’est pas observé, où le milieu n’est pas marqué, et où la porte, par exemple, est placée d’une façon tout à fait arbitraire.

Mais, dans ces limites mêmes, la Renaissance se révèle encore avec tout son charme ; et même il y a en Italie peu d’édifices où l’esprit du XVe siècle s’empare autant de nous que dans quelques-unes de ces cours de Bologne. Le détail a généralement toute la richesse que la brique comporte ; il est vrai, d’ailleurs, qu’entre cette ville et Rome il y a une chaîne de montagnes de plus, et les formes antiques n’y sont guère reproduites que par ouï-dire. — Les colonnes en briques des façades, ornées le plus souvent d’une sorte de chapiteau corinthien à une seule rangée de feuilles, supportent des arcs richement profilés ; puis au-dessus d’un bandeau les fenêtres en plein cintre de l’étage supérieur, parfois très belles et ornées d’acrotères sur les côtes et dans le haut ; dans la frise (parfois peinte encore) il y a des lucarnes rondes, ou carrées, ou à plein cintre. La corniche, avec ses consoles petites et serrées, a peu de saillie. — Dans les cours, là où elles se sont bien conservées, correspondent aux colonnes d’en bas des colonnettes (rarement des pilastres avec arcs intermédiaires), en nombre double, qui forment une galerie supérieure autour de la plus