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FERRARE, VENISE.

zina [a] (1559), jadis délicieux pavillon, composé d’un rez-de-chaussé avec fenêtres, portail et quatre pilastres, au fond une loggia, murée maintenant, et le « teatro » contigu du côté gauche, à présent inaccessible. Le tout dans un état de délabrement pitoyable.

Les palais privés de la noblesse n’ont pas ici, comme, en général, dans les résidences des petits princes, autant d’importance que dans les anciennes capitales des républiques. Le régime ombrageux, peut-être aussi la gêne financière de la maison d’Este au XVe et au XVIe siècle, ne permettaient guère un grand déploiement de luxe architectural. La seule cour importante du XVe siècle, il est vrai, celle du Pal. Scrofa [b] (Corso di Porta Romana), tient lieu de dix palais, quoiqu’elle ne soit achevée qu’à moitié et qu’elle menace ruine. On y voit le style bolonais s’adapter heureusement à la légèreté et à la sveltesse qui caractérisent les galeries de Ferrare, dont les colonnes sont généralement en marbre. La façade manque, mais il est permis de se la représenter par la gracieuse façade du Pal. Roverella [c] (lequel, en revanche, n’a qu’une cour insignifiante). L’agréable impression de ce monument masque l’inégalité de facture entre les arabesques des frises supérieures et inférieures et les montants des pilastres (ces derniers ont moins de rudesse) ; elle dissimule de plus le défaut des fenêtres, lesquelles ne se distribuent pas bien sur les surfaces qu’ils encadrent. La grande porte est en marbre ; elle est surmontée d’un grand balcon qui rend facilement reconnaissable cet édifice, situé prés de la Poste. Dans le Pal de’ Leoni [d], auprès du palais de’ Diamanti, les pilastres d’angles sont ornés des plus belles arabesques ; de Ferrare ; à remarquer, en outre, un beau portail avec un balcon entouré d’enfants ; quant au reste, la façade et la galerie de la cour sont très simples. Le Pal. Bevilacqua [e] et le Pal. Zatti [f] sur la Piazza Ariostea ont tous les deux des arcades sur la rue ; le premier a encore une des plus belles cours du temps. Les soubassements en escarpe de toutes les maisons le long du Corso Vittorio Emanuele sont d’un courieux effet. Une jolie cour au no 1698 vis-à-vis du séminaire.

Plus avant dans le XVIe et le XVIe siècles, on trouve ici quelques palais plus petits qui, par la naïveté de l’ornementation des murs (trophées, bustes, devises), sont comme un écho du style primitif : Pal. Bentivoglio [g], Pal. Costabili [h]. La meilleure œuvre du style classique sevére, le Pal. Crispo [i] (dessiné vers le milieu du XVIe siècle par Girolamo da Carpi) n’a d’autres ornements que des devises et sentences, qui, il est vrai, couvrent tout l’édifice. Enfin la Maison de l’Arioste [j], très simple (Strada Mirasole, no 1208).


À Venise, malgré des circonstances favorables, le nouveau style ne s’établit qu’assez tard. Tandis que l’école de peinture de Padoue et les sculpteurs indigènes avaient déjà donné au naturalisme un développement considérable, l’architecture et la décoration restaient toujours plus