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PREMIÈRE RENAISSANCE.

rez-de-chaussée ; — (à droite) le Pal. Contarini delle Figure [a] (1504), d’une composition mesquine et puérile, avec un fronton peu heureux au-dessus de la loggia centrale ; aux murs, des boucliers et des trophées suspendus ; — (à droite) le Pal. Corner Spinelli [b] est le seul peut-être de ces palais qui trahisse un sentiment plus mûr de la composition ; rez-de-chaussée élevé avec bossages ; au-dessus, deux étages avec fenêtres semblables à celles du Pal. Vendramin, mais d’une belle division ; — (à gauche) le Pal. Grimani a S. Paolo [c] (1475-85), petit, gracieux, mais sans expression. — Au delà du Rialto, il n’y a de remarquable que le Pal. Vendramin, déjà nommé.

Dans d’autres quartiers de la ville, il y a encore un certain nombre de façades plus ou moins riches. Celle du Pal. Trevisan [d], derrière le palais des doges, est d’un bon travail ; — celle du Pal. Malipiero [e], sur le Campo S. Maria Formosa, construite par Sante Lombardo, au commencement du XVIe siècle, est d’une grâce ingénieuse.


À Padoue, la première Renaissance n’est pas aussi bien représentée en architecture que donnerait d’abord à le penser le grand goût décoratif des artistes de cette ville. Le plus bel édifice en ce genre, la Loggia del Consiglio [f], sur la place de Signori, a été construit par le Ferrarais Biagio Rossetti, déjà mentionné. L’ampleur de la colonnade inférieure, l’étage supérieur et ses fenêtres d’une heureuse distribution, l’élégance du marbre, la pureté sobre de l’ornementation, la situation au sommet d’un escalier, le contraste avec l’architecture étroite de Venise, — tout cet ensemble concourt à un effet exquis.

Les constructions privées se ressentent de la destinée politique faite à Padoue, vassale continentale de Venise (à partir de 1405). Si Padoue n’avait été assujettie que cent aus plus tard, elle pourrait avoir la physionomie de Bologne. Mais, au contraire, ses portiques sont pauvres, ses palais médiocres. La Casa di Tito Livio (Pal. Cicogna) [g], non loin de la cathédrale, est un joli petit édifice ; sur la façade, de petits carreaux de marbre de couleur symétriquement distribués autour des fenêtres ; une grande fenêtre au milieu, très élégante, domine tout. (La façade, sans doute, était autrefois peinte.) — Avec Falconetto, enfin, le style du XVIe siècle l’emporte.


À Vicence, les œuvres de Palladio font trop négliger les belles œuvres de la première Renaissance qui, pourtant, révèlent une tradition, déjà ancienne, du gout architectural, et nous aident à comprendre l’origine d’un tel maître et l’éclat de sa carrière au sein même de son pays.

Dans la cour du Vescovado [h] (près de la cathédrale) s’est conservée une gracieuse petite galerie de l’an 1494 ; en bas des pleins cintres, en haut une rangée de fenêtres avec pilastres portant entablements. — Non loin de la basilique de Palladio se trouve la petite maison de pierre