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PREMIÈRE RENAISSANCE.

Quant aux églises, S. Nazaro e Celso [A] a été commencé en style gothique et achevé vers 1500 : S. Maria in Organo [b] est de l’an 1481 (la façade de 1592). La première a trois nefs sur piliers ; la seconde est une église sur colonnes avec voûtes en berceau, et rappelle en quelque mesure S. Sisto de Plaisance, sauf que la frise au-dessus des arcs est peinte de sujets d’histoire en couleurs. (Dôme carré.) Les deux églises présentent surtout de l’intérêt pur leur décoration.


Brescia possède avant tout un magnifique Palazzo Comunale [c], construit ou du moins commencé en 1508 par Formentone, artiste indigène. Le rez-de-chaussée qui, selon l’usage lombard, offre sur plus de la moitié de sa longueur une galerie ouverte, a, à l’intérieur, des colonnes, et, à l’extérieur, des piliers avec colonnes curieusement enchâssées (sur les façades latérales, il n’y a que des pilastres lisses); dans les écoinsons, des médaillons en creux avec des bustes d’empereurs romains, etc. La frise porte déjà des têtes de lions d’une exécution habile. L’étage supérieur est en retrait, de même qu’au Pal. del Podestà à Bologne, et dans d’autres hôtels de ville[1] ; la balustrade, qui devait former une sorte de transition, n’est exécutée que sur le devant. La décoration murale (pilastres, minces avec arabesques accentuées, boucliers avec demi-sphères noires, encadrements de marbre gris) est d’un caractère capricieux. Pour cet ensemble, Jacopo Sansovino composa plus tard les enroulements avec enfants de la frise ainsi que la corniche, Palladio les belles fenêtres dont la corniche supérieure avec consoles suffit pour trahir son style. (L’attique est moderne ; la petite annexe à droite est probablement, elle aussi, de Formentone.)

Les Prigioni [d], à gauche du palais communal, décorées au milieu par une jolie galerie ouverte, sont d’un style Renaissance plus simple et plus ancien. Quant aux palais privés, il en existe peu ou point de ce temps ; le Pal. Longo [e], peu important par lui-même, appartient déjà au style du XVIe siècle.

Voici enfin une des plus étranges églises de la première Renaissance : S. Maria de’ Miracoli [f]. La façade, dans le style des Lombardi, a tout l’éclat vénitien et l’étroitesse d’espace qui est le caractère de ces maîtres : mais le détail le plus riant, —arabesques fouillées, frontons à plein cintre, formant l’extrémité supérieure des murs, etc., — ne saurait suppléer au défaut de composition. L’intérieur est une croix grecque avec quatre chapelles aux angles ; par un contraste singulier, ces chapelles et l’intersection de la croix ont des voûtes en berceau, tandis que quatre coupoles (deux hautes et deux basses) dominent les quatre bras de la croix ; le chœur au fond est une sorte d’annexe avec voûtes en berceau. (Il serait

  1. Pour la bonne raison que l’on ne voulait pas se fier à des balcons suspendus sur dessus de consoles, quand les magistrats devaient se montrer en haut dans une occasion solennelle.