Page:Burckhardt - Le Cicerone, 2e partie, trad. Gérard, 1892.djvu/309

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
162
PREMIÈRE RENAISSANCE.

force. L’ornementation de ces tombeaux, de plus, est bonne, et même excellente. — Mais, à partir du XVIe siècle, cet échafaudage devient sensiblement plus simple, plus grand, plus fort, avec des colonnes, des entablements, des frontons, en saillie ; la décoration de détail doit disparaître pour laisser la place libre presque exclusivement aux statues. Il en est de même pour les autels, les tribunes, etc. C’est dans cette manière, par exemple, que Guglielmo Bergamasco a composé le maître-autel et le second autel à gauche de S. Salvatore [a], et que, là encore, Jac. Sansovino a fait le tombeau du doge Venier et le jubé d’orgue : cette dernière œuvre plus simple, et d’un détail plus pauvre, que sa bibliothèque. — Un beau tombeau, sarcophage avec buste, et socle, à S. Stefano [b] (chapelle à gauche du chœur), attribué à Sanmicheli, cherche à marier la richesse et la sévérité classique. On peut le comparer à ses monuments de Vérone, tels que celui qui est adossé au mur extérieur de S. Eufemia. Le tombeau de Pietro Bernardo (mort en 1538) à S. Maria de’ Frari [c], commencé de 1515 à 1525, mais achevé seulement en 1558, trahit encore l’influence de Leopardo. — À S. Zaccaria [d], dans le pourtour du chœur, un grand nombre de dalles tombales ornées. — À S. Fantino [e], un pavé de dalles tombales, du XVIe siècle, très simple, mais d’un dessin magistral.

Quant aux candélabres de bronze, l’œuvre célèbre d’Andrea Riccio, dans le chœur du Santo [f] à Padoue, a servi de type séduisant à une décoration d’une richesse infinie. Le meilleur travail de l’époque suivante est le candélabre près du maitre-autel de la Salute [g] par Andrea d’Alessandro Bresciano, avec six rangs de figures, d’ailleurs fort jolies, à partir des sphinx de la base. — Les six chandeliers de l’autel sont aussi sans doute de la même main. — Dans le transept de Saint-Marc [h], à droite, deux candélabres, avec figures, d’une ornementation mesquine. — Il y a un moindre mérite, et l’on sent déjà la prédominance du baroque, dans les candélabres de S. Stefano [i] (1577 et 1617), et de même dans les candélabres de S. Giovanni e Paolo [j] (chapelle du Rosaire), auxquels ne ressemblent que trop les candélabres d’argent de la chapelle de Saint-Antoine au Santo de Padoue, etc.


À Trévise, beaux travaux décoratifs des Lombardi : entre autres, dans la cathédrale [k], le tombeau de l’évêque Zenetti par Tullio. — À S. Nicolò [l], un beau cadre autour du grand tableau d’autel, l’"Incredulité de S. Thomas".


À Padoue, c’est l’église il Santo naturellement qui contient les œuvres les plus précieuses. Dès l’entrée, on remarque deux beaux bénitiers [m], l’un avec une statuette du Baptiste (même époque), l’autre avec la statuette du Christ, sculptée plus tard par Tiziano Aspetti. Puis vient, dans la nef latérale gauche, le pompeux monument d’Antoine de Roycellis [n]