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PREMIÈRE RENAISSANCE.

fantaisie qu’il y ait de cette sorte ; et ce serait aussi une des plus belles, si l’excès de la décoration ne trahissait le caractère de l’école lombarde, et si la bigarrure des disques de marbre des pilastres ne révélait l’influence vénitienne.


À Vérone, S. Fermo [a] contient quelques bons travaux : entre autres, une imitation de l’Arco de’ Gavi (v. t. I, p. 32). — À la cathédrale [b], les tabernacles se terminent assez curieusement vers le haut en ogive sans doute pour rester en harmonie avec le style d’architecture. Ce sont, du reste, des œuvres assez médiocres, à l’exception du tabernacle au-dessus du tombeau de sainte Agathe (1508, au fond de la nef latérale droite), lequel, dans les arabesques des pilastres extérieurs, atteint le plus haut degré de délicatesse, de mouvement, de richesse, en dépit de la surcharge qui gâte si souvent la décoration lombarde. (Les figures surtout ne sont pas bonnes.) — À S. Anastasia [c], une série de tabernacles d’une grande richesse : l’ordre intérieur des pilastres a de sévères arabesques en pierre foncée ; l’ordre extérieur, de proportions plus grandes, est orné de riches rinceaux en marbre plus clair. L’un des meilleurs est le troisième à droite. Celui du transept droit a une valeur architecturale. Deux à gauche (le premier et le quatrième) seront cités au chapitre de la Sculpture. — Les plus belles arabesques de pilastres sont dans la chapelle ronde de Sanmicheli à S. Bernardino [d].


À Bergame, la façade de la chapelle Colleoni à S. Maria Maggiore [e] (v. p. 137) peut être considérée presque plutôt comme une grande décoration que comme une architecture. Il y a des façades d’une ornementation plus fouillée, comme par exemple à la Chartreuse de Pavie, ou l’architecture cependant maintient mieux ses droits que dans ce monument bigarré, gracieux, un peu enfantin. — Il y a de même excès de décoration dans les tombeaux d’Amadeo, à l’intérieur de la chapelle Colleoni.


À Milan, la première place appartient aux merveilleux rinceaux en stuc des pilastres de la sacristie de S. Satiro [f], par Bramante, vraisemblablement, comme l’édifice lui-même. À citer encore : le tombeau adossé de Stefano Brivio à S. Eustorgio [g], première chapelle à droite ; l’ornementation des pilastres de la porte de S. Maria delle Grazie [h] d’une beauté raphaélesque ; les chapiteaux du grand arc de la Canonica de S. Ambrogio [i]. — De même, quelques bons tombeaux de marbre, un bel encadrement de porte [j] par Michelozzo, provenant du palais Portinari (la seconde porte est restée en sa place au palais qui s’appelle maintenant Vismara), une chaire qui est probablement de la même main, et quelques cadres en terre cuite [k] au Museo Lapidario de la Brera.


Dans la cathédrale [l] de Côme, les tabernacles des monuments des deux Pline (l’un daté de 1498) sont des œuvres décoratives remarquables, moins à cause des colonnes en forme de candélabres, d’un baroque riche,