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ŒUVRES DÉCORATIVES : VÉRONE, MILAN, CÔME.

qu’à cause des consoles aux statuettes nues et maigres, évidemment imitées des pierres terminales des arcs de triomphe romains. T. Rodari connaissait certainement les deux chapiteaux à figures de Sansovino dans la sacristie de S. Spirito à Florence. La porte [a] de la nef latérale nord (Porta della Rana), signée des frères Tommaso et Jacopo Rodari, et datée de 1505-1509, est surchargée, selon la manière lombarde du temps. Sur le portail plus simple, qui a servi de modèle (1491), Bramante a montré singulièrement plus de noblesse d’imagination et de dessin. De la même main peut-être que les tombeaux des Pline est le magnifique autel sculpté [b] (le second à droite), à l’intérieur, dont il sera encore question à propos de la Sculpture ; la décoration, dans son ensemble, n’est pas bonne, le détail n’est pas d’un goût très pur, bien qu’il soit traité avec intelligence ; les colonnettes en forme de candélabres sont trop délicates pour la saillie des corniches.

Dans la cathédrale [c] Lugano, les jambages avec arabesques des trois portes principales (1517), bien que trop surchargés par rapport à leur destination architecturale, et malgré certain défaut de pureté dans la composition, sont cependant, en fait de décoration végétale, une œuvre des plus élégantes, d’un bel élan, et fortement fouillée.

Quant à la Chartreuse de Pavie, la décoration de la façade a déjà été citée à propos de l’architecture (p. 114). Le magnifique tombeau de Giangaleazzo Visconti [d] qui se trouve dans le transept, a été conçu en 1490 par un certain Galeazzo Pellegrini, qui pourrait être également l’auteur du détail, décoratif. Les parties plastiques ont été travaillées jusqu’en 1562 par différentes mains. Voir là encore de beaux candélabres de bronze.




Entre la décoration en pierre sculptée et la peinture, le milieu est tenu par les dessins plats des pavés en marbre et en terre cuite. — Les premiers, comme nous l’avons dit plus haut (p. 139), sont imités des vieilles mosaïques chrétiennes : Chapelle Sixtine et Stances du Vatican ; Chapelle tombale du cardinal de Portugal à S. Miniato, près de Florence ; Chapelle du Palais Riccardi à Florence, etc. — Un exemple singulier du degré où peut aller l’ornementation artistique, ce sont les fameux tableaux de marbre de différentes couleurs qui forment le pavé de la cathédrale de Sienne [e]. Ils ont été exécutés depuis le XIVe siècle jusqu’à la fin du XVIe. Ils ne sont visibles qu’aux jours des grandes fêtes. — Il y a un autre exemple de ce genre, le Jugement de Salomon, dans la grande nef de la cathédrale [f] de Lucques. — Il convient d’accorder une attention particulière, pour leur beau dessin à la manière orientale et pour leur coloris merveilleux, aux rares et anciens exemplaires qui se sont conservés de carrelages vernissés, paraissant imiter la tapisserie. Plusieurs de ces faïences sortaient de l’atelier florentin des Robbia, d’où Raphaël,