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PREMIÈRE RENAISSANCE.

tation desquels la Renaissance parfois ne connaissait pas de bornes. Les plafonds étaient calculés en prévision de parois d’un riche coloris (tapisseries, peintures, etc.), et, là où ce coloris manque, ils nous paraissent d’autant plus lourds que la dorure généralement s’en va, et que le bois noircit. Le plus riche de ces plafonds, du XVe siècle encore, est celui de la Sala de' Gigli au Palazzo Vecchio [a] (caissons hexagones entourés d’une frise de lions). Le plafond de la salle voisine, Sala d’Udienza, par Marco del Tasso, et ceux d’autres salles sont d’une époque à peine plus récente. Les plafonds sont plus simples et plus légers dans les édifices privés, par exemple, au Palais Guadagni [b] (vestibule du premier étage). D’autres plafonds d’artistes florentins seront mentionnés en paragraphe concernant Rome. — C’est d’après les dessins de Michel-Ange que doit avoir été exécuté l’admirable plafond de la Bibliothèque Laurentine [c]. Il a des compartiments beaucoup plus grands, et l’ornementation végétale est d’une forme plus libre. En bas, le carrelage du plancher reproduit le même dessin. Fantozzi attribue encore à Michel-Ange le plafond doré de l’église des Bénédictines de S. Appollonia [d], via S. Gallo, no 27 : c’est une œuvre bigarrée, de style baroque. C’est d’après ce principe que Segaloni conçut en 1625 le plafond de la Badia [e], l’une des meilleures œuvres de ce genre, où l’architecture et l’ornementation végétale se mêlent heureusement, mais sans trop de liaison organique avec l’édifice même. — Le plafond de l’Annunziata [f], par Ciro Ferri, plus récent, a déjà toute la mollesse du style baroque à son déclin. — D’autres plafonds, plus simples, mais en partie très beaux, de la première Renaissance, au Palais Quaratesi [g], et dans d’autres maisons privées.


Pise a quelques œuvres plus récentes, mais exquises, surtout des incrustations. Dans la cathédrale [ha], d’abord, le siège épiscopal, en face de la chaire, exécuté en 1536 par Giov. Batt. Cervellesi (Vasari écrit Cervelliera), est le chef-d’œuvre de la marqueterie simplifiée par l’antique, et n’a pas d’égal en ce genre. — Les stalles de la partie inférieure du chœur sont un peu plus anciennes (probablement de Giul. da Majano) : ce sont aussi des incrustations, avec prophètes, vues d’édifices, instruments de musique, animaux, etc. Les reliefs sculptés, d’une plastique excellente, et qui rappellent le style des stalles de la Badia à Florence, sont vraisemblablement l’œuvre d’un maître florentin (peut-être Giul. da Majano). — Les deux trônes au-dessus des degrés du chœur sont imposants, dans le style baroque commençant du milieu du siècle.

Le plafond sculpté de la cathédrale [i], très brillant et d’une division sévère, est de la fin du XVIe siècle. Celui de S. Stefano de' Cavalieri [j] (après 1609) est d’une composition moins rigoureuse, et l’exécution ressemble déjà plus à celle d’une ornementation indépendante.

À Lucques : le jubé d’orgue, dans la cathédrale [k], à droite, de 1481, d’une sculpture âpre : à part la couleur du bois, il y a de l’or et du bleu