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ŒUVRES DÉCORATIVES : NAPLES, GÊNES, BOLOGNE.

à l’habileté des effets pittoresques. L’inscription qui court en haut est traversée et enveloppée de plusieurs centaines d’enfants jouant et dansant. Aux dossiers des stalles sont représentées des scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament, non pas des à peu près et des réminiscences, mais des compositions originales, pleines d’esprit et de vie. Les parties les plus anciennes rappellent l’école d’Ombrie, les parties plus récentes l’école romaine. Les stalles de devant (qui en 1744 paraissent avoir été soumises à une restauration devenue nécessaire) contenaient probablement sur les dossiers plus petits l’histoire de saint Dominique ; il y a, du moins, dans la sacristie quelques fragments de ces derniers qui, avec quelques fragments de la série des représentations bibliques, ont été enchâssés dans la boiserie de l’armoire. (Le nom de Fra Damiano y figure également.)

Auprès de ce travail incomparable, tout le reste de la sculpture sur bois à Bologne paraît relativement simple. Remarquer cependant au Palazzo del Governo [a] (première salle du second étage) la porte avec des ornements en relief, où se voient encore les armes du pape Jules II, ces armes qui toujours présagent le beau. — Les stalles de la Misericordia [b] pourraient être du même temps. — Les stalles du chœur de S. Petronio [c] sont insignifiantes. En revanche, la huitième chapelle à droite contient des fragments des stalles de S. Michele in Bosco, par le moine olivétain Fra Raffaele da Brescia, avec des pilastres en relief et des marqueteries représentant des sujets en perspective. Dans la cinquième chapelle à gauche, les incrustations des stalles (par Giacomo de Marchis, ses frères et ses fils, 1495) sont supérieures d’expression et de goût à celles de S. Domenico. — À S. Michele in Bosco [d] : les deux confessionnaux à droite paraissent dignes de Fra Damiano. — À S. Giovanni in Monte [e], les stalles de Paolo Sacca (1523), travail habile et sobre, semblent, au point de vue technique, être comme une étude préparatoire de Damiano (les incrustations ne sont que des rues d’édifices et d’armoires). — D’un moindre intérêt sont les stalles de la Chartreuse [f], dont une partie est de 1539, l’autre, imitée, de 1611.

Les cadres de tableaux, en grand nombre (voir un bon exemplaire à S. Domenico [g], deuxième chapelle à gauche du chœur), sortis de l’atelier de Formigine, ne peuvent soutenir la comparaison avec le beau style des cadres florentins cités plus haut. À Bologne, d’ailleurs, la sculpture en relief est constamment inférieure aux travaux de marqueterie.


À Parme, il y a encore dans la cathédrale [h] des stalles à demi gothiques, de l’année 1473, par l’un des membres de la famille d’artistes Lendenari, célèbre surtout par les travaux de marqueterie : Cristoforo Lendenari. Ce maître ingénu trouva admirateur et un imitateur (« Cultor ») chez Lucchino Bianco, de Parme, qui sculpta, au moins en partie, la boiserie de la sacristie. — Un travail plus somptueux, de beaucoup, ce