Page:Burckhardt - Le Cicerone, 2e partie, trad. Gérard, 1892.djvu/330

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
183
ŒUVRES DÉCORATIVES : MAJOLIQUES, PEINTURES.

Au Musée de Naples [a] (entre autres), il faut encore remarquer le beau service du cardinal Alexandre Farnèse (bleu avec des ors peints).


Nous avons enfin à traiter ici avec quelque suite de la décoration peinte et des travaux les plus importants en ce genre. (L’auteur regrette de ne pouvoir, faute de connaissances plus approfondies, donner à ce chapitre toute l’étendue désirable.)

Ce genre repose essentiellement sur quelques grands peintres d’histoire, — et il en sera ainsi toujours, de plus en plus. Les simples décorateurs, quelle que soit leur habileté et leur hardiesse, ne peuvent, à la longue, y suffire, ni maintenir le genre à sa hauteur. De temps en temps, il faut que le peintre d’histoire, d’accord avec l’architecte, en fixe les grands traits. Le genre est né de l’encadrement des fresques historiques, de leur circonscription dans un ensemble d’architecture. Déjà la peinture du XIVe siècle avait donné une belle forme à l’arabesque, en la coupant de polygones, de médaillons, etc., d’où émergeaient des demi-figures (prophètes, sibylles, etc.) La plupart des fresques de ce temps (dont il sera question plus bas) sont ainsi encadrées. (De belles ornementations murales, purement décoratives, au Bargello de Florence.) Le XVe siècle pouvait, moins encore, se passer d’un tel encadrement : de même que le cadre riche pour le tableau, l’arabesque murale pour la fresque n’est que la forme nécessaire où venait aboutir harmonieusement l’exubérance de vie de l’œuvre peinte. Souvent aussi l’arabesque ne servait qu’à la décoration même des membres d’architecture.

Pendant le XVe siècle, la décoration peinte imite surtout l’architecture et la sculpture : de là sa monochromie, gris sur gris, brun sur brun, etc., rehaussée parfois d’ornements d’or. De même elle reproduit les motifs du marbre, avec plus de richesse seulement, et un emploi plus abondant des figures. Et à ce dernier égard, même aux lieux les plus sacrés, elle ne craint pas les emprunts à la mythologie antique. Quand l’espace le permet, au-dessus des corniches et des piédestaux, elle met encore des figures allégoriques, des chérubins, etc., généralement dans les mêmes tons.

Mais, vers la fin du siècle, les plafonds en forme de voûte, et bientôt aussi les pilastres, se couvrent de couleurs plus riches, or sur bleu, par exemple ; jusqu’à ce qu’enfin les objets isolés prennent le coloris de la vie, ou un coloris de convention. Quelques artistes allaient jusqu’à donner du relief à certains ornements par des applications en stuc, au point que parfois la richesse et la bigarrure de l’encadrement nuisaient à l’effet de la fresque.

Au-dessous des fresques, la plinthe est parfois ornée de dessins de tapisserie, comme à la Chapelle Sixtine [b] à Rome. Souvent aussi ces dessins tiennent lieu de vraies tapisseries sur les murs, comme dans la salle des Lis (de’ Gigli) au Pal. Vecchio [c] à Florence.