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PREMIÈRE RENAISSANCE.

À part les architectures représentées, et très richement, dans les tableaux eux-mêmes (p. 85 et suiv.), l’encadrement des fresques de Filippo Lippi dans la cathédrale [a] de Prato est un des premiers exemples du genre ; de même que les encadrements de Benozzo Gozzoli au Campo Santo [b] de Pise. Domenico Ghirlandajo est, à cet égard, très mesuré. Filippino Lippi est, au contraire, beaucoup plus riche dans les fresques de la chapelle Strozzi à S. Maria Novella [c] à Florence, et à Rome, dans les fresques de la chapelle Carafa, à la Minerva [d]. L’école du Pérugin dépasse souvent la mesure. Presque toutes les fresques de Pinturiccio sont richement ornées de pilastres peints, de corniches, etc. : la première, la troisième, et la quatrième chapelle à droite à S. Maria del Popolo [e], et les peintures de la voûte du chœur (commencée par Bramante et sous sa haute direction en 1509), donnent une idée complète de sa manière. Sur les voûtes de l’une des chambres décorées par lui dans l’Appartamento Borgia [f] au Vatican, il y a tout en haut des ornements de stuc, or sur bleu, avec des figures de couleur naturelle (de Torrigiano peut-être), le tout dans le style enjoué du temps, évitant une imitation outrée de l’antique. Nous le trouvons plus tard beaucoup plus circonspect dans la librairie de la cathédrale [g] de Sienne. Deux jolis plafonds de sa main dans l’édifice des Padri Penitenzieri [h] à Rome, sur la Piazza Scossa Cavallo, en face du palais Giraud. Un monument très important en ce genre, ce sont les fresques du Perugin dans le Cambio [i] de Pérouse. Les chambres inférieures du Palais Colonna [j] à Rome, qui, d’après la description, seraient plus caractéristiques encore, ne sont pas connues de l’auteur. Les peintures décoratives, dans l’abside de S. Lorenzo fuori le mura [k], sont d’un contemporain du Pérugin.

Un goût très marqué pour ce genre d’ornementation se montre chez Luca Signorelli, qui en a fait un usage original dans la chapelle de la Vierge à la cathédrale [l]] d’Orvieto. Quelques-uns même de ses tableaux de chevalet (par exemple, une Madone aux Offices) sont ornés de médaillons monochromes. Luca avait un sentiment profond de l’ornementation : il voulait, dans les petites figures de la partie décorative de ses fresques, à Orvieto, donner un pendant mythologique à ses compositions du Jugement dernier. Aucun peintre italien plus tard n’a traité ce genre avec tant de sérieux.

C’est aussi à des artistes de Pérouse et de Sienne qui appartient la division et l’ornementation des plafonds de deux des chambres du Vatican. Dans la Stanza dell’ Incendio [m], Raphaël a laissé entièrement subsister les travaux de son maître ; dans la Camera della Segnatura [n], et dans la Sala dell’ Eliodoro [o], il a, des peintures de Sodoma, respecté l’ordonnance de l’ensemble et un fragment.

La plus belle œuvre du style primitif est peut-etre le plafond de Peruzzi dans la salle de la Galathée à la Farnésine [p] à Rome.