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PREMIÈRE RENAISSANCE.

berceau avec des caissons encadrés de rubans, Le tout gris sur gris, avec une légère teinte bronzée ; la couleur a été réservée pour la calotte, de même que la composition polychrome à figures l’a été pour la coupole principale et les trois demi-coupoles des absides. (Ces dernières peintes par Vincenzo Veronesi.) Les parties inférieures sent restées en blanc ou ont été blanchies. — Les deux, plafond du Palais Scrofa [a], par Ercole Grandi le jeune, sont, d’un dessin et d’un coloris tout à fait classiques.

La transition vers un style enflé sans expression se marque ici dans les ornements peints par Girolamo da Carpi à S. Francesco [b] (vers 1550 ; v. p. 125, I), et dans ceux de S. Paolo [c] (1575).

Parmi les arabesques des édifices profanes, il ne faut pas accorder grande valeur à celles qui entourent, au château de Ferrare, les nombreuses peintures de Dosso Dossi et de son école. Cette même école a plus de liberté et d’agrément dans les peintures de plafond des salles assez bien conservées de la Palazzina [d] (v. p. 124, J). Le style dérivé des Loges, laisse encore entrevoir son charme indestructible à travers la fumée de la forge (car la Palazzina est aujourd’hui une forge). Parmi les travaux vénitiens, il convient de citer ici la mosaïque de la voûte dans la sacristie de Saint-Marc [e], dont il sera, question plus bas.




Le grand changement qui s’opère à Rome dans le style de la décoration date surtout de la découverte des Thermes de Titus, qu’il faut juger, non point d’après les restes conservés dans les parties aujourd’hui accessibles, mais d’après leur état d’alors. Les peintres romains de la fin du XVe siècle, surtout Pinturicchio, et la génération d’artistes contemporaine de Raphaël apprirent à connaître là nombre de sujets nouveaux mythologiques et allégoriques, un nouveau style antique, une nouvelle division des surfaces et des membres d’architecture, des valeurs nouvelles de couleurs, une nouvelle alternance de reliefs et d’ornements en stuc dans des rapports déterminés avec les couleurs, enfin le stuc antique lui même, si extraordinairement durable. Ils s’approprièrent des éléments avec une originalité telle, que leurs œuvres, à côté même de l’antique, ont une valeur indépendante.

La décoration des Loges en second étage du Cortile di S. Damaso [f] au Vatican fut commencée du vivant même de Bramante, comme le prouve la date de 1513 de l’un des pendentifs. C’est au mérite de Raphaël que Léon X, épris avant tout de luxe, fut redevable d’avoir le portique, non seulement le plus somptueux, mais encore le plus beau du monde, et ici certes il vaut la peine que l’œil cherche à en saisir jusqu’aux plus légères traces. Ce n’est pas l’inclémence des saisons, c’est la plus misérable préméditation qui a causé ici les plus grands dommages. Il a fallu des ins-