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PEINTURE DU MOYEN ÂGE.

et de Téhodora dans la basilique ; l’intérêt historique du sujet, il est vrai, dépasse de beaucoup le mérite artistique de l’œuvre. Sur les parois sont représentés les sacrifices, sanglants ou non, de l’Ancienne Loi (Sacrifice d’Abel, Abraham recevant ses trois hôtes, Sacrifice d’Isaac, Réception de Melchisédec), l’Histoire de Moïse et les Évangélistes. — La mosaïque du continent italien la plus considérable par la masse est, sans compter l’église de Saint-Marc, la double frise de S. Apollinare nuovo [a], avec procession de saints sur les murs supérieurs de la nef centrale (553-566). Des deux villes de Ravenne et de Classis (l’ancien port de Ravenne), d’où proviennent ces mosaïques, la première est représentée par la remarquable image de l’ancien palais des rois ostrogoths, aujourd’hui entièrement disparu (v. t. I, p. 47, note ; t. II, Architecture). Les vingt-six scènes du Nouveau Testament et les mosaïques entre les fenêtres sont de date plus ancienne (vers 504) ; le Christ trônant, au contraire, et l’Adoration des Rois ont beaucoup perdu aux restaurations plus récentes, et en partie modernes. — Les mosaïques de la chapelle du Palais archiépiscopal [b] (construit probablement de 439 à 450) appartiennent encore, selon toute vraisemblance, au ve siècle : la Madone est beaucoup plus récente.

Dans la cathédrale [c] de Trieste, l’abside latérale contient en bas, à gauche, dans un hémicycle, deux figures d’apôtres dans le genre des mosaïques que nous venons de citer. (La Madone de la demi-coupole et les mosaïques de l’abside droite appartiennent déjà à la période avancée du style byzantin.)

À Milan, la chapelle S. Aquilino, annexe octogonale de S. Lorenzo [d], contient deux demi-coupoles à niches avec des mosaïques représentant le Christ au milieu des apôtres et l’Annonciation aux Bergers, cette dernière très gâtée par les restaurations ; se sont des œuvres intéressantes du vie siècle, ou peut-être encore du ve siècle. — À Milan encore, la chapelle S. Satiro à S. Ambrogio [e] contient des mosaïques du ve siècle, récemment restaurées.

La Tribune de S. Teodoro [f] à Rome (viie siècle) presente une reproduction partielle des mosaïques de SS. Cosma e Damiano. — Les mosaïques de l’église postérieure à S. Lorenzo fuori [g] (578-590), au-dessus de l’arc triomphal, passent pour être les premières à Rome où apparaisse l’influence de l’art proprement byzantin, c’est-à-dire ayant son siège à Constantinople.

La transition vers le style bysantin ne se fit naturellement que peu à peu, car le byzantinisme c’est précisément l’art qui se fixe et se raidit dans les mêmes types.

À Ravenne cette transition est marquée par la grande et si intéressante mosaïque de l’abside de S. Apollinare in Classe [h] (671-677) ; outre une reproduction des anciens sacrifices bibliques (comme à S. Vitale), il y a là une mosaïque représentant une cérémonie impériale. Les