Page:Burckhardt - Le Cicerone, 2e partie, trad. Gérard, 1892.djvu/744

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Pietà et une tête de Saint Jean-Baptiste. — L’œuvre la plus remarquable du maître est peut-être un petit Saint Jérôme dans un paysage, chez le docteur Frizzoni [a] à Milan.

Francesco Cossa, de Ferrare, offre de grandes affinités avec Zoppo ; il a tout à fait la manière de l’école de Padoue. Occupé à Ferrare avec son père, dès 1456, il s’établit plus tard à Bologne. Dans cette ville, la Mad. del Baracano [b] (1472), qui n’est plus visible, possède de lui une fresque de la Madone trônant avec des anges, et à ses pieds Giov. Bengivoglio avec sa femme. La Pinacothèque [c] conserve de sa main un tableau d’autel représentant la Madone entre saint Pétrone et saint Jean l’Évangéliste (1474). Les figures de Cossa, un peu lourdes comme celles de Zoppo, mais mieux dessinées, ont un grand caractère de sérieux et de dignité ; le détail, très riche, est exécuté avec une grande élégance dans une tonalité grisâtre. Les grandes figures des douze Apôtres à S. Petronio [d] (cinquième chapelle à gauche), un peu lourdes et monotones, sont attribuées à L. Costa, mais elles appartiennent sans doute à l’atelier de Cossa. (Sur les vitraux exécutés d’après les dessins de ce dernier, v. plus loin.)

Une œuvre originale et charmante de Cossa, c’est le gradino d’autel de la Galerie du Vatican [e] (I, 11), où il figure sous le nom de B. Gozzoli ; on y voit représentées des scènes très vivantes de la Légende de saint Hyacinthe, d’un coloris éclatant et d’une riche ornementation. (Les œuvres attribuées à Cossa à l’Ateneo de Ferrare sont des ouvrages d’atelier, très postérieurs.)

La rudesse anguleuse de Zoppo est adoucie chez Cossa par l’influence qu’exerça sur le développement de l’école de Ferrare, et à un moindre degré sur l’école voisine de Bologne, un peintre de l’Italie centrale, Pierre della Francesca. Les peintures orignales de Piero au Pal. Schifanoja [f] (« Sanssouci ») sont malheureusement perdues ; les peintures de la grande salle, qui se sont conservées, ont dû être exécutées dès 1469-1471 ; elles présentent le monument le plus intéressant de la vieille école de Ferrare, et l’un des documents les plus précieux pour l’histoire de la civilisation de ce temps. C’est la vie du petit tyran italien Borso d’Este, duc de Ferrare, traduite d’une façon qui répondait à l’esprit du siècle. Une série inférieure de peintures représente des actes de la Vie de Borso, même les plus insignifiants, dans un magnifique décor d’architecture, avec les plus riches costumes. Une seconde série contient les signes du Zodiaque, avec des figures allégoriques assez obscures sur un fond bleu. La série supérieure contient des dieux et des allégories sur des chars de triomphe, traînés par des animaux symboliques, et des scènes de la vie humaine représentant les divers arts et métiers. L’ensemble est une de ces encyclopédies astrologiques et symboliques (comme celle de Miretto au Pal. della Ragione, à Padoue, v. p. 537, D) au secret desquelles les lettrés du temps attachaient tant de prix à être