Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/158

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— Et quelle était l’opinion le M. Hobbes sur les comtes ? demanda le vieux lord.

— Il pensait… mais il n’en avait jamais vu et ne les connaissait que par les livres… Il pensait… Il ne faut pas que cela vous chagrine, au moins… Il disait que c’étaient des tyrans, et qu’il voudrait les voir tous pendus autour de sa boutique. Seulement il ne vous connaissait pas ; s’il vous avait connu, c’eût été tout différent. Je lui parlerai de vous, et alors il changera d’opinion.

— Que lui direz-vous ?

— Je lui dirai, s’écria Cédric, le teint animé par l’enthousiasme, que vous êtes l’homme le meilleur, le plus généreux que je connaisse ; que vous pensez toujours aux autres ; que vous ne cherchez qu’à les rendre heureux, et que, quand je serai grand, je ferai mon possible pour vous ressembler.

« Pour me ressembler ! » répéta le comte fixant ses yeux sur l’aimable petite figure qu’il avait devant lui. — Une sorte de rougeur monta à ses joues flétries ; il détourna ses regards et les laissa errer sur les grands hêtres dont le soleil faisait reluire les feuilles lisses et brillantes.

« Oui, pour vous ressembler, dit de nouveau Cédric ;… si je peux, ajouta-t-il modestement. Peut-être n’y réussirai-je pas ; mais j’essayerai toujours.

La voiture continua à rouler sous les grands et beaux arbres qui étendaient leurs énormes branches sur le chemin. Cédric vit de nouveau les larges places couvertes de fougères, et celles où les clochettes bleues s’agitaient à la brise. Il traversa des espaces plongés dans une ombre profonde et d’autres inondés