Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/173

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XIX


Cédric sauta dans la voiture, qui traversa de nouveau la verte prairie ; et quand elle fut arrivée au tournant de la route, le comte avait encore l’espèce de même sourire sur le visage.

Ce sourire eut l’occasion de revenir plusieurs fois sur les lèvres de lord Dorincourt pendant les jours qui suivirent. À mesure qu’il faisait plus ample connaissance avec son petit-fils, il s’y montrait de plus en plus souvent ; il y avait même des instants où il semblait perdre son amertume. Il est sûr qu’au moment où le petit lord fit son apparition, le vieux comte commençait à être très fatigué de sa solitude, de sa goutte et de ses soixante-dix ans. Après une longue vie passée dans le plaisir, il n’est pas amusant de se trouver seul dans un appartement, si splendide qu’il soit, avec un pied sur un tabouret de goutteux, et sans autre divertissement que de se mettre en colère contre un valet qui vous déteste : car le vieux lord était beaucoup trop fin pour ne pas savoir quels sentiments ses domestiques avaient pour lui. Il savait que quand on venait le voir ce n’était pas par affection, mais peut-être parce qu’on trouvait