Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/244

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cassant une noix ici, croquant une pomme là, envoyant ses pépins dans la rue, et que maintenant c’est un lord, vivant dans un château ! Ces marques que vous voyez là sont des marques de coups de pied d’un lord ! un jour ce seront les marques de coups de pied d’un comte. Quand je pense à cela !… »

M. Hobbes parut tirer une grande satisfaction et une grande consolation de la visite de Dick. Avant le départ du jeune homme, il lui offrit, dans l’arrière-boutique, un souper dont le fromage, les sardines, les fruits secs et autres marchandises du magasin firent les principaux frais. Puis l’épicier déboucha solennellement une bouteille d’ale, en versa le contenu dans deux verres et proposa ce toast :

« À lui ! et puisse-t-il leur donner une leçon, à ces comtes, ducs et marquis ! »

Depuis cette soirée, l’épicier et Dick se virent très souvent, et chaque visite laissait M. Hobbes un peu moins triste et un peu moins abandonné. Ils lisaient en commun le journal à un sou. Le Crime d’un noble, ou la Vengeance de la comtesse May les initia tous deux aux habitudes de la noblesse anglaise, et leur en donna une idée qui aurait fort étonné les membres de ce corps, s’ils avaient pu lire dans la pensée des deux amis ; mais ce livre ne satisfaisait pas encore le désir qu’avait M. Hobbes de se renseigner au sujet de tout ce qui concernait Cédric, du pays qu’il habitait et des personnes avec lesquelles il devait se trouver en rapport. Un jour il entreprit un pèlerinage à une boutique de librairie, située fort loin de son épicerie, dans l’intention expresse d’augmenter sa biblio-