Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/248

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tout ce qui était à sa portée quand elle était en colère, et il n’y avait pas d’instant où elle ne le fût. Elle avait un enfant qui lui ressemblait : il ne faisait que crier jour et nuit. Ah ! quelle maison ! Un jour elle me jeta un plat à la tête ; j’esquivai le coup, qui alla frapper son garçon. Le docteur a dit qu’il en garderait la marque au menton toute sa vie. En voilà une mère ! Elle faisait sans cesse des scènes à Ben, disant qu’il ne gagnait pas assez d’argent. Si bien qu’un beau jour, mon frère quitta la maison et s’en alla dans l’Ouest, tout là-bas, pour être valet de ferme. Il n’y avait pas une semaine qu’il était parti qu’étant retourné moi-même à la maison garnie qu’il habitait avec sa femme, j’appris que Minna avait décampé. Une voisine me dit qu’elle était partie comme bonne d’enfant avec une dame qui traversait l’Atlantique ; jamais depuis je n’ai entendu parler d’elle, et Ben non plus. Cette Minna — ma belle-sœur — était une assez belle femme quand elle était requinquée. Elle avait de grands yeux, et des cheveux noirs qui tombaient jusqu’à ses genoux. Elle les tordait en une corde aussi grosse que mon bras et les tournait deux fois autour de sa tête. Oui, c’était une belle femme ; ce qui n’empêche pas que Ben n’a pas fait une belle affaire en l’épousant. »

Depuis que Ben était parti, il avait écrit une fois ou deux à son frère. Il n’avait pas été heureux et s’était vu forcé d’errer de place en place. Mais enfin il avait trouvé un emploi dans une ferme en Californie, et c’est là qu’il était au moment où Dick fit la connaissance de M. Hobbes.

« Aussi pourquoi s’est-il marié ? disait M. Hobbes en manière de conclusion, chaque fois que Dick lui parlait de son