Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/247

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qu’il eut lu de même une lettre que le petit lord avait adressée à son ancien ami Dick, à peu près à la même époque.

On devine avec quel plaisir ces missives furent reçues. Chaque mot fut commenté par les compagnons, qui ne se fatiguaient jamais de ressasser les mêmes réflexions quand il s’agissait de Cédric. Ils employèrent ensuite plusieurs jours à y répondre ; avant de les envoyer, ils se communiquèrent l’un à l’autre leurs réponses et ils les lurent presque autant de fois qu’ils avaient lu les lettres du petit lord.

C’était une grosse affaire pour Dick que la correspondance. Son éducation n’avait pas été très soignée, et toutes ses connaissances en lecture et en écriture se réduisaient à ce qu’il avait pu en recueillir durant quelques mois où il avait fréquenté, avec Ben, une école du soir. Mais comme c’était un garçon intelligent, il avait tiré bon parti de cette instruction sommaire. Il l’avait même perfectionnée, tant bien que mal, sous le rapport de la lecture, en lisant les journaux, et, sous celui de l’écriture, en se servant des murs en guise de papier et d’un morceau de craie ou de charbon en guise de plume. Quoi qu’il en soit, sa lettre à Cédric lui donna grand’peine et lui prit beaucoup de temps.

Le jeune garçon avait promptement mis l’épicier au courant de sa vie passée et lui avait parlé de Ben, son frère aîné :

« Peu de temps après que je commençai à gagner quelques sous en vendant des journaux et en faisant des commissions, lui avait-il dit, il se maria. Il épousa une femme nommée Minna, qui était bien la plus méchante créature que j’aie vue de ma vie ; une tigresse, un chat sauvage. Elle déchirait et brisait