Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/25

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avait un air intime qui plaisait tout d’abord. On n’y voyait pas d’ornements communs ou de mauvais goût, mais seulement quelques petits objets qui ne pouvaient sortir que de la main d’une femme.

« Ce n’est pas déjà si mal ici, se dit-il ; sans doute le goût du capitaine a prévalu. »

Mais quand Mme Errol entra dans la chambre, il commença à penser qu’elle pouvait y être aussi pour quelque chose. S’il n’avait pas été un gentleman si raide et si parfaitement maître de lui, il n’aurait pu se défendre de laisser paraître une certaine émotion en l’apercevant. Dans sa simple robe noire, sans ornement, elle avait plus l’air d’une jeune fille que de la mère d’un garçon de sept ans. Il fut frappé de l’expression triste et douce de ses traits, une expression qui ne l’avait pas quittée depuis la mort de son mari, excepté quand elle causait ou jouait avec son fils. La vieille expérience de l’homme de loi lui avait appris à lire clairement sur les visages, et aussitôt qu’il eut jeté un regard sur celui de la mère de Cédric, il reconnut que le comte s’était complètement trompé en la supposant une femme mercenaire. Il vit tout de suite aussi qu’il n’aurait pas avec elle les difficultés qu’il redoutait, et il commença à se dire qu’après tout le petit lord Fautleroy ne serait peut-être pas une honte pour sa famille, comme il avait été tenté de le croire. Le père avait été un noble jeune homme, la mère était une femme belle et distinguée ; il n’y avait pas de raison pour que l’enfant ne leur ressemblât pas quelque peu.

Quand il annonça à Mme Errol ce qui l’amenait, celle-ci devint pâle.