Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/26

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« Oh ! s’écria-t-elle, va-t-il donc m’être enlevé, le cher petit ? Il m’aime tant ! Et moi… je n’ai pas d’autre bien au monde ! J’ai essayé d’être pour lui une bonne mère… » Et sa voix tremblait tandis que ses larmes coulaient le long de sa figure.

L’homme de loi toussa pour s’éclaircir la voix.

« Je suis obligé de vous dire, répondit-il avec un peu d’hésitation, que le comte de Dorincourt n’est pas… n’est pas très bien disposé pour vous. Il est âgé, vous le savez, et attaché à ses préjugés. Il a toujours particulièrement détesté l’Amérique et les Américains, et a été très mécontent du mariage de son fils. Je sais qu’il est très déterminé à ne pas vous voir. Je regrette infiniment d’être le porteur d’une communication si peu agréable. Son plan est que lord Fautleroy vive avec lui, qu’il soit élevé chez lui et sous sa propre surveillance. Il est attaché à Dorincourt et y passe la plus grande partie de son temps. La goutte le tourmente souvent, et le séjour de Londres lui est tout à fait contraire. Lord Fautleroy habitera donc principalement le château de Dorincourt. Le comte vous offre la Loge, une habitation agréable, située à peu de distance du château, ainsi qu’un revenu suffisant pour y vivre d’une manière honorable. Lord Fautleroy pourra aller vous voir tant que vous le désirerez, mais vous ne pourrez aller le voir vous-même ni franchir les grilles du parc. Vous voyez, madame, que vous ne serez pas réellement séparée de votre fils, et je vous assure que les termes de cet arrangement ne sont pas aussi… hem ! aussi durs qu’ils pourraient l’avoir été. D’ailleurs les avantages que doit en recueillir lord Fautleroy seront très grands pour lui, et… »