Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/258

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Au milieu de tous ces troubles, une personne restait parfaitement calme et tranquille : c’était le petit lord Fautleroy, qui n’allait plus être ni lord ni Fautleroy. Quand l’état des choses lui eut été expliqué, il avait commencé, il est vrai, par être un peu anxieux et perplexe ; mais l’ambition déçue n’était pour rien dans ses inquiétudes.

Pendant que le comte lui parlait de ces événements, il était assis près de lui, sur un tabouret, tenant son genou avec ses deux mains, comme il le faisait habituellement quand il prêtait toute son attention à ce qu’on lui disait ou qu’il y trouvait un intérêt particulier. Lorsque l’histoire fut finie, il avait un air très sérieux.

« Cela me semble tout… tout drôle, dit-il, et sa voix tremblait un peu ; cela me semble tout drôle de penser… »

Le comte regarda l’enfant en silence.

Lui aussi, il y avait quelque chose qui lui semblait « tout drôle » ; quelque chose qu’il n’avait jamais éprouvé pendant tout le cours de sa vie ; quelque chose qui lui étreignait le cœur et qui se fit sentir plus vivement encore quand il vit un nuage se répandre sur le petit visage levé vers lui : ce visage sur lequel, jusqu’à présent, ne s’était jamais montré qu’une expression heureuse.

« Cette dame prendra-t-elle à Chérie la maison et la voiture que vous lui avez données ? demanda enfin Cédric d’une voix anxieuse.

— Non, dit le comte avec force et sans hésitation ; soyez tranquille, on ne peut rien lui prendre.

— Ah ! » dit Cédric avec un soulagement évident.