Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/74

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— Je l’aimerais encore bien mieux si vous étiez avec moi, » dit Sa petite Seigneurie, pendant qu’un soupir s’échappait de son pauvre cœur oppressé.

Il ne pouvait que se sentir fort troublé par un si bizarre état de choses qui mettait sa « Chérie » dans une maison et lui dans une autre.

Le fait est que Mme Errol n’avait pas jugé à propos de lui dire pourquoi ces arrangements avaient été pris.

« J’aimerais mieux qu’il n’en sût rien, dit-elle à M. Havisam, il ne le comprendrait pas ; il en serait seulement choqué et peiné, et je suis sûr que ses sentiments pour son grand-père seront plus affectueux s’il ne sait pas que le comte me déteste si profondément. Il n’a jamais connu la haine ou même la dureté, ni par lui-même ni par les autres, et ce serait un coup bien rude pour lui d’apprendre que quelqu’un peut me haïr. Il a un petit cœur si tendre et il m’aime tant ! Il vaut mieux pour le comte qu’on ne lui parle pas de cela avant qu’il soit plus âgé. Quoique Cédric ne soit qu’un enfant, la connaissance des sentiments que me porte son grand-père mettrait une barrière entre son petit-fils et lui. »

Ainsi l’enfant sut seulement que quelques mystérieuses raisons nécessitaient cette séparation ; qu’il était encore trop jeune pour les comprendre et qu’on les lui expliquerait un peu plus tard. Mais ce n’étaient pas les raisons de cette détermination qui le touchaient ; c’était la détermination elle-même ; néanmoins, après beaucoup de causeries avec sa mère, où celle-ci s’efforça de le conforter en plaçant devant lui le côté agréable de la perspective, l’autre s’affaiblit peu à peu. Cepen-