Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/75

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dant M. Havisam le surprit plus d’une fois, assis dans une attitude pensive, regardant gravement la mer, et plus d’une fois aussi il entendit un profond soupir s’échapper de ses lèvres enfantines.

« Je n’aime pas cet arrangement, dit-il au messager du comte, un jour qu’il causait sérieusement avec lui sur le sujet qui lui tenait si fort au cœur ; oh ! non, je ne l’aime pas du tout ; mais il y a comme cela beaucoup d’ennuis et de chagrins dans ce monde qu’il faut savoir supporter. Mary le disait ; M. Hobbes aussi, et Chérie désire que j’aille vivre avec mon grand-papa, parce que, voyez-vous, tous ses enfants sont morts et qu’il est très triste. Cela rend un homme bien malheureux quand il a perdu tous ses enfants ; aussi j’irai avec lui. »

Une des choses qui charmaient toujours les gens qui étaient en relation avec Sa petite Seigneurie, c’est le sage petit air qu’elle prenait quand elle se livrait à la conversation. Combiné avec des remarques au-dessus de son âge et avec l’expression d’innocence peinte sur sa ronde petite figure, cet air était irrésistible. Quand le beau petit garçon au teint rosé et aux boucles ondoyantes s’asseyait gravement, et, frottant ses mains potelées, se mettait à converser sérieusement, c’était une joie pour ceux qui l’écoutaient. Peu à peu, M. Havisam lui-même en était arrivé à prendre beaucoup de plaisir et d’amusement dans sa société.

« Et alors, vous allez tâcher d’aimer le comte ? dit-il, en réponse au propos que nous avons rapporté.

— Bien sûr, dit Sa Seigneurie. C’est mon grand-père, et