Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/375

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société se partageroit, et que madame Duval, les demoiselles Branghton, M. Dubois et moi, nous partirions en voiture.

Jusqu’ici tout alloit à mon gré ; je me flattois que sir Clément seroit obligé de nous quitter, et par conséquent, qu’il ne découvriroit pas ma demeure. Nous étions effectivement déjà montés en fiacre, lorsqu’il cria halte au cocher : « C’est toi-même, misérable, lui dit-il, que j’ai arrêté pour me ramener» ?

Le cocher biaisa un moment, mais il finit par avouer que sir Clément l’avoit réellement retenu, et qu’il l’avoit oublié. Il est évident qu’une pièce d’argent glissée dans la main de cet homme opéra cet aveu : quelle petitesse de la part de M. Willoughby !

Celui-ci étoit trop rusé pour ne pas mettre à profit cet événement ; il nous représenta qu’il étoit absolument impossible de se procurer un autre carrosse dans le moment, et qu’ainsi il nous demandoit la permission de prendre une petite place dans le nôtre : il y monta sans attendre notre réponse, et nous nous mîmes en route.

Nous eûmes fort peu de conversation en chemin ; madame Duval seule laissa tomber de temps en temps quelques