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INTRODUCTION À L’HISTOIRE


sous l’empire de l’ancien Buddha Vipaçyin, il entendit de la bouche de ce Bienheureux le récit des qualités d’Avalôkiteçvara. Il dit comment, à l’origine des choses, apparut sous la forme d’une flamme Âdibuddha, le Buddha primitif, surnommé Svayam̃bhû, « l’être existant par lui-même, » et Âdinâtha, « le premier souverain. » On le représente se livrant à la méditation nommée la Création de l’univers. De son esprit naît Avalôkitêçvara, qui s’absorbe aussi dans une méditation semblable et qui crée de ses deux yeux la lune et le soleil, de son front Mahêçvara, de ses épaules Brahmâ, de son cœur Nârâyaṇa, et de ses dents Sarasvatî.

Avalôkitêçvara trace ensuite à chacun des Dieux qu’il a créés les limites de son autorité, et leur confie en particulier la défense et la protection de la foi buddhique. Le narrateur infère de ce récit la grande supériorité d’Avalôkiteçvara ; il en fait le premier de tous les êtres, sauf Âdibuddha, et va même jusqu’à dire que « tous les Buddhas eux-mêmes se réfugient avec foi auprès de lui. »

Çâkyamuni raconte ensuite que sous l’ancien Buddha Çikhin il a été un Bôdhisattva nommé Dânaçûra, et qu’il a appris de la bouche du bienheureux quels sont les mérites d’Avalôkiteçvara. La longue énumération de ses vertus amène quelques passages analogues à ceux que renferme le chapitre xxiv du Lotus de la bonne loi, à ceux notamment où sont indiqués les divers rôles que prend Avalôkitêçvara dans le dessein de convertir les êtres, paraissant pour les uns sous la figure du soleil, pour les autres sous celle de la lune, et ainsi des principales Divinités[1]. Le saint est représenté enseignant la loi aux Asuras, dans une caverne du Djambudvîpa, nommée Vadjra kukchi, et leur recommandant la lecture et l’étude du Karaṇḍa vyûha, dont il exalte l’efficacité.

Çâkyamuni continue son récit en disant que sous l’ancien Buddha Viçvabhû il a été un Rĭchi ayant le nom de Kchântivâdin, et qu’il a entendu de la bouche de ce Buddha tout ce qu’on lui demande aujourd’hui. Dans ce récit se trouve insérée l’histoire de Bah, ce roi puissant qui a été relégué aux Enfers par Vichṇu, et qui se repent d’avoir suivi la loi des Brâhmanes. Avalôkitêçvara lui énumère les avantages assurés à celui qui a foi aux Trois objets précieux ; il lui fait connaître les récompenses promises au fidèle et les peines qui attendent celui qui ne croit pas. Il s’établit entre lui et Bali un dialogue où le saint s’attache à éclairer et à diriger sa foi nouvelle ; il lui annonce enfin qu’il doit être un jour un Buddha. Avalôkitêçvara étend ensuite son enseignement aux

  1. Le Lotus de la bonne loi, ch. xxiv, f. 230 b sqq., p. 263 sqq.