Page:Burnouf - Lotus de la bonne loi.djvu/232

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
211
CHAPITRE XVII.

pas de pieds, ou qu’ils soient bipèdes, quadrupèdes, ou polypodes, tous les êtres en un mot qui sont réunis et rassemblés dans le monde des créatures. Qu’il vienne à naître un homme, ami de la vertu, ami du bien, qui donne à ce corps tout entier des êtres, le plaisir, les jeux, le bonheur, les jouissances que ces êtres désirent, qu’ils aiment, qu’ils recherchent, qu’ils affectionnent. Qu’il donne à chacun d’eux f. 185 b.le Djambudvîpa tout entier, pour son plaisir, ses jeux, son bonheur, et ses jouissances. Qu’il leur donne de l’or, des Suvarnas, de l’argent, des joyaux, des perles, du lapis-lazuli, des conques, du cristal, du corail, des aliments, des chars traînés par des chevaux, par des bœufs et par des éléphants, des palais et des maisons à étages élevés. Que de cette manière, ô toi qui es invincible, ce maître de libéralité, ce grand maitre de libéralité, répande ses dons pendant quatre-vingts années complètes. Qu’ensuite, ô toi qui es invincible, ce maître de libéralité, ce grand maître de libéralité, fasse cette réflexion : Tous ces êtres tiennent de moi les jeux, les plaisirs et une heureuse existence ; ces êtres sont couverts de rides ; ils ont la tête blanchie ; ils sont vieux, usés, cassés, âgés de quatre-vingts ans ; ils sont bien près d’achever leur temps. Puissé-je maintenant les faire entrer dans la discipline de la loi expliquée par le Tathâgata ! Puissé-je les y instruire ! Qu’alors, ô toi qui es invincible, cet homme communique ses enseignements à tous ces êtres, et que, les leur ayant communiqués, il les fasse entrer dans la discipline de la loi expliquée par le Tathâgata, qu’il la leur fasse adopter. Que ces êtres entendent de lui la loi, et qu’au même moment, au même instant, dans le même temps, ils deviennent tous des Çrôtâpannas(185 b), qu’ils obtiennent les avantages de l’état de Sakrïdâgâmin et d’Anâgâmin, jusqu’à ce qu’enfin ils deviennent des Arhats, exempts de toute faute, livrés à la contemplation, à la grande contemplation, à celle des huit délivrances. Comment comprends-tu cela, ô toi qui es invincible ? Est-ce que ce maître de libéralité, ce grand maître de libéralité recueillera, f. 186 a.comme conséquence de cette conduite, beaucoup de mérites, des mérites immenses, incalculables. Cela dit, le Bôdhisattva Mahâsattva Mâitrêya répondit ainsi à Bhagavat : Oui certes, ô Bhagavat, oui certes, ô Sugata ; à cause de cela, ô Bhagavat, cet homme recueillera beaucoup de mérites, lui qui aura fait don, à tant de créatures, de tout ce qui peut servir à leur bonheur ; à bien plus forte raison, s’il les a établies dans l’état d’Arhat.