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NOTES.

f. 214 b.De mille billions, etc.] C’est là un exemple de ces nombres énormes, dont j’ai étudié deux séries, au no XX de l’Appendice, à l’occasion d’un passage du chap. xvii, f. 185 a. Les nombres qui figurent ici sont Kam̃kara, Vimbara et Akchôbhya. Ce sont des termes sanscrits, mais le premier n’est pas, selon Wilson, employé à la désignation d’un nombre dans la langue classique. Le second, Vimbara, rappelle le nom d’une plante, le sinapis dichotoma, qui par l’abondance et la finesse de ses graines fournit une bonne similitude pour un nombre très-élevé. On sait que cette similitude même est positivement employée dans de nombreux passages des textes buddhiques, et que même, dans ceux de Ceylan, elle sert de base à une fausse étymologie du mot Kalpa, « période de création, » que j’ai rapportée plus haut[1]. Le troisième des noms de nombre cités ici est l’Akchôbhya, moi qui signifie « immobile, qui ne peut être agité. » Si le lecteur veut bien se reporter à la note que je cite en ce moment, il verra que ces trois noms de nombre Kam̃kara, Vimbara et Akchôbhya se succèdent dans le même ordre sur la liste que j’ai empruntée au Latitavistara ; le Kam̃kara ou Kag̃kara est l’unité suivie de treize zéros ou mille billions ; le Vimbara ou Vivara est l’unité suivie de quinze zéros ou cent mille billions ; et l’Akchôbhya est l’unité suivie de dix-sept zéros ou cent quadrillions.

À la hauteur de sept empans.] Il vaut mieux prendre, comme les Tibétains[2], tâla dans le sens de palmier que dans celui d’empan ; une hauteur de sept palmiers peut seule placer le Bôdhisattva de niveau avec un édifice aussi élevé que celui qu’indique le texte.

Au sommet d’une maison à étages élevés.] Le mot que je paraphrase en ces termes est kûṭâgâra que Wilson traduit ainsi : « chambre supérieure, appartement placé au sommet d’une maison, c’est également la signification que les textes pâlis assignent à ce terme[3]. Il signifie littéralement, « maison, habitation du toit, » comme l’a bien traduit Lassen[4], et âgâra y est synonyme de notre mot français appartement. Mais les lois de la composition ne s’opposent pas à ce qu’on voie dans ce mot le sens de « maison en pointe ; » il paraît même que les Barmans vont plus loin encore, puisqu’ils désignent quelquefois par le composé Kûṭâgâra ces pointes ou flèches qui servent d’ornement aux toits des maisons et aux tours des édifices religieux ou royaux[5].

f. 215 a.Il faudra élever plusieurs milliers de Stûpas.] On sait que le mot de stûpa désigne les masses de pierres en forme de coupole qu’on élève au-dessus des reliques d’un Buddha ; j’ai résumé ailleurs ce qu’on connaît de plus positif sur ces monuments qui sont devenus la source de tant de belles découvertes numismatiques[6]. Je me contente d’ajouter ici que, suivant la tradition des Buddhistes du Sud, ce ne sont pas les seules reliques des Buddhas qui ont le privilège d’être conservées sous ces grandes constructions. Je trouve à ce sujet

  1. Ci-dessus, chap. i, f. 10 b, p. 324.
  2. Rgya tch’er rolpa, t. II, p. 15 et pass.
  3. Nêmi djâtaka, f. 43 a, man. Bibl. Nat. et p. 278 de ma copie.
  4. Indische Alterthumsk. t. II, p. 421, note 4.
  5. Nêmi djâtaka, f. 43 a, et p. 297 de ma copie.
  6. Introd. à l’hist. du Buddh. indien, t. I, p. 348 et suiv.