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CHAPITRE II.

129. Alors cette réflexion s’est immédiatement présentée à mon esprit : « Voici pour moi le moment d’enseigner la loi excellente ; j’expose en ce lieu cet état suprême de Bôdhi, pour lequel je suis né ici dans le monde.

130. « Cela sera aujourd’hui difficile à croire pour les hommes dont l’intelligence ignorante s’imagine voir ici un prodige, pour les hommes remplis d’orgueil et qui ne savent rien ; mais ces Bôdhisattvas entendront. »

131. Et moi qui suis plein d’intrépidité, satisfait alors, renonçant complétement à toute réticence, je parle au milieu des fils de Sugata, et je les convertis entièrement à l’état de Buddha.

132. Et après avoir vu de tels fils de Buddha, « Pour toi aussi, [m’écrié-je,] toute incertitude sera dissipée, » et ces douze cents [auditeurs] exempts de péché deviendront tous des Buddhas dans le monde.

133. Quel est le nombre de ces anciens Protecteurs et la condition des Djinas qui viendront dans l’avenir ? Ce sujet a cessé de faire l’objet de mes réflexions ; aussi vais-je te l’exposer aujourd’hui tel qu’il est.

134. Dans certains temps, dans certains lieux, et pour une certaine cause, a lieu dans le monde l’apparition des Héros des hommes ; dans certains temps, celui dont la vue est infinie, étant né dans le monde, expose une pareille loi.

135. Elle est bien difficile à obtenir, cette loi suprême, même pendant la durée de dix mille kôtis de Kalpas ; f. 35 a.elles sont bien difficiles à trouver, les créatures qui, après l’avoir entendue, ajoutent foi à cette loi suprême.

136. Tout de même que la fleur de l’Udumbara est difficile à rencontrer, qu’elle paraît dans certains temps, dans certains lieux, et d’une manière quelconque, et que c’est pour le monde quelque chose d’agréable à voir, quelque chose de merveilleux pour le monde réuni aux Dêvas ;

137. [De même] je dis que c’est une plus grande merveille encore que celui qui, après avoir entendu la loi bien exposée, en éprouverait de la satisfaction, dût-il n’en prononcer même qu’un seul mot ; par là serait rendu un culte à tous les Buddhas.

138. Renonce à l’incertitude et au doute sur ce sujet ; moi qui suis le roi de la loi, je fais connaître mon intention : je convertis à l’état suprême de Bôdhi ; [mais] je n’ai ici aucuns Çrâvakas.

139. Que cela soit un secret pour toi, ô Çâriputtra, ainsi que pour tous ceux qui [seront] mes Çrâvakas ; que ces hommes éminents aussi, qui sont Bôdhisattvas, gardent complétement ce secret.

140. Pourquoi, au temps des cinq imperfections, les créatures en ce monde deviennent-elles viles, méchantes, et aveuglées par la concupiscence ? Pourquoi leur intelligence est-elle ignorante, et pourquoi n’existe-t-il en elles aucune pensé pour l’état de Buddha ?