Page:Busoni - Chefs-d’œuvre poétiques des dames françaises, 1841.djvu/37

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Qu’heur en soulcy torne et déduicts en payne,
Et, sy, nos cuers ez torments faict se duyr.
Por vos aymer, très-vaillant syre,
D’ung tel amors,
Mon cuer, et ma voix et ma lyre
Sont en discors.

Mais si voliez de votre ancelle et dame,
Ez feulx plus dolz, le cuer tendre ployer,
Dont, l’attyzant, gloire apurit la flame,
Et treuve, en soy, digne et noble loyer :
Por, sy, vous aymer, vous le dire
Jusqu’à la mors,
Mon cuer, et ma voix et ma lyre
Sont jà d’accors.




MARIE DE FRANCE.


Cette femme est l’une des premières de son sexe qui aient fait des vers français, et occupe un rang distingué parmi les poètes anglo-normands, dans les écrits desquels on devait espérer de trouver quelques renseignements sur ce qui la concerne ; mais tous, à l’exception de Denys Pyramus, qui d’ailleurs en dit peu de chose, ont gardé un profond silence sur cette muse, bien supérieure à son siècle par ses lumières, par ses sentiments et par le courage qu’elle eut de dire la vérité à des oreilles mal disposées ou peu accoutumées à l’entendre.