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Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/142

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Meneurs de fort mauvaise grâce,
Et tous meneurs chassant de race,
Meneurs à leur rompre le cou,
En les menant devinez où.
Je croi qu’ils vont droit au Pont-Rouge[1]
Vers un grand bateau qui ne bouge.
Là, toutes entrant en complot,
On crie : À Chaillot ! à Chaillot !
C’est aux Bons Hommes à Surène,
C’est où ce grand bateau les mène ;
S’il fait beau temps l’on pourra bien
Passer outre sans dire rien.
Adieu Paris, comme il nous semble,
Disent-elles toutes ensemble.
Hélas ! que de gens, de métier
Sont fâchés en chaque quartier :
Car ils perdent la chalandise
Et de baronne et de marquise.
À présent tout est renversé,
Notre honneur est bien bas percé :
Nous donnerions, étant au rôle,
La qualité pour une obole.
Du moins que ne nous réduit-on
À reprendre le chaperon[2] ?
Après avoir été coquettes,

  1. Le pont Rouge, ainsi nommé parcequ’il étoit de bois peint en rouge, portoit aussi les noms de pont Barbier, parceque Barbier l’avoit fait construire ; de pont Sainte-Anne, en l’honneur d’Anne d’Autriche ; et enfin de pont des Tuileries. Il fut construit en 1632, et souvent détruit et reconstruit depuis.
  2. Le chaperon étoit la coiffure propre des bourgeoises. Voy. les Anciennes poésies françaises, publ. par M. de Montaiglon, passim, et t. 5, p. 12.