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Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/146

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Elle n’en tâteroit jamais,
Vivroit comme moi désormais,
Qui promets, qui proteste et jure
D’estre meilleure créature.
Mes compagnes en font autant ;
Prenez-le pour argent comptant :
Nous tiendrons un chemin contraire,
Pourvu qu’on-nous le fasse faire.
Ainsi ce beau discours finit.
Mais elles n’avoient pas tout dit ;
Il falloit encor nous apprendre
Combien elles en ont fait pendre,
Combien de galans ébahis
Par elles se sont vus trahis,
Et combien de lâches querelles
Se sont faites pour l’amour d’elles,
De mauvais coups, d’assassinats,
De vols qu’elles ne disent pas,
De marchands affrontés sans honte,
D’emprunts dont on ne tient nul compte ;
Combien de jeunes gens enfin
Ont fait par là mauvaise fin ;
Combien de désordre aux familles ;
Combien il s’est perdu de filles,
Combien d’enfans ou d’avortons :
Quand finir, si nous les comptons ?
Mais pensons à choses plus hautes,
Faisons profit de tant de fautes ;
Car des dames de la façon
Font une fort belle leçon
A toute fille de boutique
Qui de demoiselle se pique,
Et qui hors d’un comptoir tout gras
Fait la dame à vingt-cinq carats ;