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Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/150

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Que l’on fait perdre tout exprès
Et qu’on cherche long-temps après.
Les pauvres filoux sans ressource
Auront-ils où vuider la bourse
Qui sera surprise avec art ?
Pour qui tant se mettre au hasard ?
C’étoit pour l’entretien de Lise
Que tout étoit de bonne prise ;
Sa juppe et tant de linge fin
N’étoient venus que de larcin ;
Mais présentement que l’on grippe
Et Lise et toute autre guenippe,
Il ne sera plus de besoin
De prendre d’elle tant de soin :
Le public la prend en sa charge,
Et pour l’avenir en décharge
Tous ces gens qui font aujourd’hui
La charité du bien d’autrui.
Cela fait tort à leur largesse,
Leur ôte leur bureau d’adresse[1],
Met un voleur sur le pavé
Fort en danger d’être trouvé
Saisi du vol qu’il vient de faire.
Il n’est pour lui plus de repaire
Contre le chevalier du guet
Qui prend le porteur du paquet.
Je l’avoue, et ces receleuses
Lui servoient encor de fileuses

  1. Le bureau d’adresse étoit à la fois un lieu de conférences académiques, un bureau de placement pour les domestiques et d’enseignement pour tout le monde, et enfin un lieu de prêt sur dépôt, sorte de mont-de-piété. C’est à ce dernier côté de l’établissement fondé par Renaudot que l’auteur compare les lieux de recel des voleurs.