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Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/153

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    qui leur seront faites aux villes, bourgs et villages de leur route, les deputez qui leur feront harangues et complimens à leurs entrées, les feux de joye, bals et comedies, et autres passe-temps pour les divertir. »

    Voici quelques traits qui se rapportent assez à la pièce que nous publions :
    Leur affliction est publique
    Comme leur chaude amour la fut,
    Et toutes, lisant le statut,
    Pestent contre la politique.
    Les demoiselles du Marais,
    Les courtisanes du Palais,
    Les infantes du Roy de cuivre,
    Celles de la butte Saint-Roch,
    Dans ce grand chemin se font suivre
    Des pauvres coquettes sans coq.
    Catin, Suzon, Marotte, Lise,
    Dans l’oisiveté de leurs traits,
    Pleurent maint page, maint laquais,
    Dont ils perdent la chalandise…
    Le commun escueil d’amitié
    Les change de filles de joye
    En pauvres filles de pitié.
    La bourgeoise avec la marchante,
    La demoiselle au cul crotté,
    Suivent cette fatalité,
    Croissent cette nombreuse bande.
    La noblesse s’y trouve aussi,
    Les nymphes à l’amour chancy,
    Enfin toutes les bonnes dames
    Qui se gouvernent un peu mal,
    Ayant brûlé des mêmes flammes,
    Ont toutes un destin égal…
    Une des femmes fait ses adieux au nom de la troupe, et dit :
    Vous, braves traisneurs d’espées,
    Desolés batteurs de pavé,
    Bretteurs qui d’un pauvre observé
    Fistes tant de franches lippées,
    Combien de savoureux morceaux
    Qui vous passoient par les museaux
    Vous sont flambez par cette chance !
    Et si vous estiez nostre appuy,
    Vous voyez, dans la décadence,
    Que nous estions le vostre aussy…
    À tant se tut la grande Jeanne,