Aller au contenu

Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/163

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dans de si grands sujets de douter de votre confiance ? Vous avez eu toute votre vie un commerce si étroit avec le comte de Guiche, que vous ne pouviez ignorer ses aventures, et surtout celles qui ont causé son éloignement. Je vous avoue que je suis curieuse, et que je voudrois savoir la vérité de cette intrigue ; mais j’aurois voulu que de vous-même vous m’en eussiez conté le secret, et je vous en aurois tenu compte. »

Il n’en fallut pas davantage pour bannir tout scrupule du cœur de Manicamp : il avoit trop d’amour pour sa maîtresse pour garder encore une fidélité exacte à son ami ; il étoit en état de la contenter là dessus, parce qu’il avoit dans sa poche un paquet de toutes les copies des lettres [1] qui étoient de l’histoire, dans le dessein de la faire plus sûrement qu’elle n’étoit. Et, après avoir témoigné à la dame qu’il étoit prêt de la satisfaire, et elle qu’elle l’étoit de l’écouter, il rêva quelques momens et commença de parler ainsi :

« Le mariage de Monsieur ayant accru la joie de la cour [2], on y faisoit tous les jours de nouvelles

  1. L’Intimé. J’en ai sur moi copie.
    Chicaneau. Ah ! le trait est touchant !
    (Les Plaideurs.)
  2. Le mariage de Monsieur n’accrut la joie ni de Madame, ni du Roi, ni de la Reine Mère. La Reine Mère, au moment où il se fit, « y avoit moins de répugnance » qu’avant la mort du Cardinal, « qui, de son vivant, ne croyoit pas que l’affaire fût avantageuse à Monsieur. » Quant au Roi, il disoit à Monsieur qu’il ne devoit pas se presser d’aller épouser les os des Saints-Innocents » (Madem. de Montp., Mémoires, t. 5, p. 188), et madame de Motteville (Mémoires,