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Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/169

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à deux conversations qu’il a eues avec elle. — Voilà justement, dit Madame, ce qui me fâche de cette aventure, dont ils m’ont voulu faire la dupe. — Et c’est pourquoi, repartis-je, Votre Altesse se peut faire un divertissement agréable, si elle veut regarder cela indifféremment. »

« Et alors Madame, se repentant d’en avoir tant dit : « Vous avez raison, dit-elle, je ferai semblant d’ignorer la chose, je ne troublerai point les plaisirs du Roi ; et je ferai si bien mon personnage, qu’il ne saura pas que sa conduite m’ait donné le moindre chagrin. Mais, pour changer de discours, qu’avez-vous eu si longtemps, continua-t-elle en s’adressant à moi, que vous aviez la tristesse dans les yeux, et presque la mort peinte sur le visage ? Dites-nous, poursuivit-elle, voyant que je demeurois immobile et que je ne faisois que soupirer, qui vous a ainsi changé ? Parlez librement, je suis de vos amies, je serai discrète et Montalais le sera aussi, car vous ne revenez au monde que depuis quinze jours. — Ah ! Madame, que voulez-vous savoir ? » lui dis-je. Je n’en pus dire davantage, et je ne sais comment je serois sorti d’un pas si dangereux, si Monsieur ne fût arrivé avec plusieurs femmes, qui se mirent à jouer au reversis. Voilà l’unique fois que sa personne m’a réjoui, car je l’aurois souhaité bien loin en tout autre temps. Le lendemain, Madame vint jouer chez la Reine, où le Roi se trouva. En sortant je donnai la main à Montalais, qui me dit assez bas : « On m’a donné ordre de vous dire que vous n’en êtes pas quitte, et qu’il faut que vous disiez ce que l’on veut savoir. Pour moi,