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Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/170

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ajouta-t-elle, je n’ai plus de curiosité pour cela ; je pense en être bien instruite, et si vous m’en croyez, vous en direz la vérité. — Si on veut que je la déclare, repartis-je, ne vaut-il pas mieux mourir en obéissant que se perdre par un silence qui me causeroit mille douleurs ? — Ne soyez pas si fou, me dit-elle ; allez, vous me faites pitié, adieu. » Je n’eus le temps que de lui serrer la main sans lui répondre, car elle se trouva à la portière du carrosse, où elle monta, et je crus qu’ayant compassion de ma peine je lui en pouvois faire confidence, ou du moins trouver quelque soulagement à l’entretenir.

» A deux jours de là, je suivis le Roi chez Madame, qui, après lui avoir fait son compliment, s’en alla chez La Vallière, où Vardes, Biscaras [1] et quelques autres le suivirent. Pour moi, je demeurai chez Madame, où j’eus le loisir d’entretenir Montalais. Tandis que la comtesse de Soissons étoit en conversation avec Madame, je fis

  1. MM. de Biscaras, de Cusac et de Rotondis étoient trois frères que M. de La Chataigneraie, grand père de M. de La Rochefoucauld, quand il étoit capitaine des gardes de Marie de Médicis, avoit fait entrer dans sa compagnie, parce qu’ils lui étoient parents. Depuis, Biscaras fut officier dans la compagnie des gendarmes de Mazarin. Un démêlé qu’il eut avec M. de La Rochefoucauld, du temps qu’il étoit encore M. de Marsillac, amena pour lui une série de mésaventures ; d’abord ils furent mis l’un et l’autre à la Bastille, Marsillac conduit par un exempt et Biscaras par un simple garde. Marsillac sortit le premier, et quand leur différend fut porté devant le tribunal d’honneur des maréchaux, on continua à mettre entre eux une grande différence ; on fit même des recherches sur la noblesse de Biscaras ; elle fut enfin confirmée, et ce fait explique et autorise sa présence ici auprès du roi.