au Palais Royal. Nous avons lié entre nous quatre une société fort agréable et sur le pied d’une bonne amitié ; nous nous sommes promis une union inséparable. De même je ne ferai point de difficulté de vous dire que nous travaillons de concert à faire en sorte que le Roi quitte La Vallière et qu’il s’attache à quelque personne dont nous puissions gouverner l’esprit, car celle-ci est fière et inaccessible. Pour cela nous avons trouvé à propos de donner de la jalousie à la Reine par une lettre que nous fîmes il y a huit jours, et que j’ai traduite en espagnol. J’ai déguisé mon caractère ; et étant dans la chambre de la Reine, il y a quatre ou cinq jours, j’ai glissé cette lettre dans son lit [1]. Elle a été trouvée par la Molina, qui, au lieu de la donner à sa maîtresse, la porta au Roi. Elle contenoit ces mots ; la voici en françois :
A la Reine.
Le Roi se précipite dans un dérèglement qui n’est ignoré de personne que de Votre Majesté ; mademoiselle de La Vallière est l’objet de son amour et de son attachement. C’est un avis que vos serviteurs fidèles donnent à Votre Majesté.
« On y ajouta :
C’est à vous à savoir si vous pouvez aimer le Roi entre les bras d’une autre, ou si vous voulez empêcher une chose dont la durée ne vous peut être glorieuse.
- ↑ Voy. dans ce volume, p. 63.